14/10/13

LE BIOGAZ : L’ÉNERGIE DE DEMAIN ?

La production d’énergie est devenue un enjeu majeur du XXIème siècle. Face à la  raréfaction des gisements de combustibles fossiles (pétrole, charbon, lignite, gaz naturel), les énergies renouvelables ont le vent en poupe. L’énergie solaire, l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie ont tout pour plaire : ces énergies sont inépuisables, peu ou pas polluantes, contribuent à la lutte contre l’effet de serre et garantissent une gestion optimisée des ressources locales.

Parmi ces énergies renouvelables, le biogaz

Encore mal connue et peu développée en France, cette énergie ne manque pourtant pas d’atouts. Outre le fait d’être une énergie renouvelable, c’est aussi et avant tout une «formidable méthode de traitement des déchets ». De plus, elle est l’une des seules énergies vertes à pouvoir être transformées en toute forme d’énergie utile (chaleur, électricité ou biocarburant).

Qu’est-ce que le biogaz ?

Le biogaz, appelé également « gaz naturel renouvelable » ou « gaz des marais » par opposition au gaz d’origine fossile, provient de la décomposition naturelle des matières organiques selon un processus de fermentation. Il est capté ou produit dans tous les endroits où sont stockés des déchets biodégradables ou « fermentescibles » privés d’oxygène : dans les centres de stockage des déchets (les décharges) et dans les unités de méthanisation (installations de production de biogaz). En 2008, la France comptait 481 installations de production de biogaz dont 301 centres de stockage et 180 installations de méthanisation. La filière de méthanisation s’est principalement développée dans le secteur industriel ou les stations d’épuration urbaine (90% des installations) au détriment du secteur agricole et des ordures ménagères.

Un potentiel de production encore trop faiblement exploité

En 2008, 7000 GWh d’énergie brute ont été produits ou captés, en France, dans les installations de biogaz, les ¾ provenant des centres de stockage. Cette production est encore très faible. Elle représente, en fait, moins de 9% des ressources en biogaz en France (l’AFGN estime entre 80 et 180TWh le gisement de ressources fermentescibles). De plus, seulement 60% du biogaz produit ou capté est transformé sous forme d’énergie utile (électricité, chaleur ou carburant). Lorsque le biogaz n’est pas valorisé, il doit être  brûlé et il est alors moins polluant que s’il s’échappe directement dans l’atmosphère. Mais pourquoi le biogaz n’est-il pas transformé dans 100% des cas ? Pour la simple raison qu’à l’origine la production de biogaz est une technique de traitement et d’élimination des déchets et non une fin en soi.

Si le biogaz est aujourd’hui si peu produit et valorisé, c’est en grande partie pour des raisons de coût et de complexité. D’après l‘Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, le coût de traitement par méthanisation des déchets ménagers, par exemple, est 20% plus élevé que celui d’une unité de compostage (autre technique de traitement des déchets). De plus, l’exploitation d’une unité de méthanisation requiert une attention particulière. En effet, la typologie et la composition chimique des déchets ont une forte incidence sur la production de biogaz. Et, des consignes strictes de sécurité doivent être observées pour éviter tout risque de fuite de biogaz.

Un fort regain d’intérêt qui pourrait faire du biogaz une solution d’avenir

Si la filière française de méthanisation a connu un développement limité – par rapport à ses voisins européens et notamment l’Allemagne – et axé principalement sur le secteur industriel et les stations d’épuration urbaine, elle connaît aujourd’hui un fort regain d’intérêt notamment dans le secteur agricole. Pour les agriculteurs, la méthanisation dispose d’un fort potentiel économique et industriel. Non seulement elle permet aux agriculteurs de valoriser leurs déchets organiques en énergie et de limiter les rejets de méthane liés au traitement traditionnel des effluents, mais elle leur permet aussi de remplacer leurs engrais chimiques par le digestat (résidu restant dans le méthaniseur).
Les pouvoirs publics font également preuve ces derniers temps d’un intérêt accru pour la filière. La règlementation française n’a, en effet, jamais été aussi favorable à la méthanisation. Suite à la directive européenne du 19 novembre 2009 sur les déchets, le gouvernement français a mis en place un plan d’action déchets 2009-2012 visant notamment une meilleure valorisation des déchets organiques. Plus récemment, en février 2011, les ministres de l’Ecologie et de l’Industrie ont décidé d’apporter leur soutien à cette filière en mettant en place un important dispositif de soutien. Cette aide comporte notamment la revalorisation du tarif de rachat de l’électricité produite par méthanisation de 20% en moyenne pour devenir comparable au tarif existant en Allemagne, l’autorisation d’injecter le biogaz produit par méthanisation dans les réseaux de gaz naturel (avec, comme pour l’électricité, l’obligation de rachat à un tarif réglementé par le fournisseur), la reconnaissance de la méthanisation comme une activité agricole et des aides financières à la méthanisation.

La France a donné l’autorisation, en juillet 2010, d’injecter du biogaz dans le réseau de gaz naturel. Cette décision marque un grand pas en avant pour la France qui faisait figure de retardataire face à certains de ses pays voisins comme l’Allemagne, la Suède ou encore la Suisse qui injectaient déjà en 2006 du biogaz dans leurs réseaux de gaz naturel. Si le biogaz ne remplacera certainement jamais le gaz naturel en totalité, on estime, qu’à l’horizon 2020, 2% du gaz circulant dans le réseau sera du biogaz (source GrDF).

Suite aux dernières décisions du législateur, le marché se structure. Les acteurs français se positionnent, tout comme les entreprises allemandes qui ont déjà une belle longueur d’avance, forts de leur expérience sur leur marché national. Les projets de création de sites de production de biogaz se développent même si leur nombre reste encore limité, et la filière attire de plus en plus les investissements au détriment du marché du photovoltaïque. Les positions sont à prendre dès maintenant !

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