09/10/16

La démarche Open Data pour les collectivités territoriales : réponse à une contrainte réglementaire ou opportunité de création de valeur ?

Plus qu’une tendance ou un simple effet de mode, l’ouverture des données est aujourd’hui considérée comme un vecteur de transparence, de lien social ou encore une source d’innovation.

L’Open Data désigne le mouvement qui vise à rendre des données accessibles au grand public, en permettant leur réutilisation libre et facile.

Cette démarche s’inscrit dans une chaîne de quatre acteurs réunis au sein d’un même écosystème :

  • Les producteurs de données (collectivité ou entreprises) qui ouvrent leurs données en les rendant accessibles à tous ;
  • Les « ré-utilisateurs » qui développent de nouveaux services, produits ou applications à partir de ces données ouvertes ;
  • Les consommateurs qui bénéficient de ces nouveaux usages ;
  • Les autorités régulatrices (mission Etalab, CADA, PRADA) qui sont chargées de garantir l’application des droits et devoirs des producteurs et ré-utilisateurs de données.

Si les collectivités territoriales et les établissements publics sont particulièrement concernés par l’Open Data, une telle démarche peut aussi être porteuse de sens pour des entreprises chargées d’une mission de service public ou pour des entreprises privées.

Une démarche obligatoire pour les collectivités…

L’ Open Data est un phénomène assez récent, qui est né aux Etats-Unis en 2005 avec l’ouverture des API du service Google Maps, qui permet de positionner sur une carte des données d’origine publique. Dès son arrivée à la Présidence des États-Unis en 2006, Barack Obama a prôné une large ouverture de l’administration publique via son programme « Open Government Initiative». Le phénomène s’est ensuite étendu vers la France grâce au lancement de la mission Etalab en 2011, à l’origine du portail data.gouv.fr rassemblant l’ensemble des informations publiques de l’État et des collectivités territoriales.

En France la contrainte s’est accentuée avec la loi NOTRe qui oblige les collectivités locales de plus de 3500 habitants et leurs EPCI (environ 5000 collectivités en France) à rendre accessibles en ligne les informations publiques qu’elles détiennent sous forme électronique. De fait, de nombreuses collectivités territoriales de tous niveaux ont lancé leur plateforme Open Data : régions (Ile-de-France, PACA…), départements (Auvergne, Côte d’Armor…), métropoles (Grand Lyon, Paris, Toulouse…), communautés urbaines, communautés d’agglomérations, communautés de communes et communes. Afin de répondre à cette nouvelle contrainte et favoriser la transparence et la participation des citoyens, les acteurs publics territoriaux doivent publier en priorité certaines données : état civil, budget, décisions du conseil municipal, subventions, voies et adresses…

… qui peut se révéler être une opportunité pour les entreprises

En parallèle de ces actions publiques, des entreprises privées ont lancé leur propre plateforme de données pour :
– apparaître comme une marque au cœur de la transformation digitale : portail dataNOVA de la Poste ;
– promouvoir le développement de nouveaux services et applications au service des citoyens : portail open data SNCF ;
– répondre à une pression externe : pour satisfaire la Mairie de Paris, le groupe JC Decaux a libéré les données temps réel Vélib.

La gratuité a longtemps été vue comme le seul modèle de l’ Open Data. En réalité les entreprises peuvent choisir, à l’instar de la SNCF, leur modèle tarifaire. Le modèle « freemium » permet de différencier le tarif entre les petits et les gros utilisateurs de données. Le modèle payant peut également être utilisé afin d’offrir des données en temps réel telles que l’état du trafic ou la disponibilité de parking en temps réel à Lyon.

Même si le sujet de l’Open Data est encore récent, les entreprises ou institutions publiques doivent respecter certaines bonnes pratiques pour que leur démarche d’Open Data soit une réussite

Temps 1 : Bien orienter le projet

Au moment d’initier une démarche d’ Open Data, il convient de définir les objectifs d’un portail Open Data et d’évaluer les impacts de la démarche sur la stratégie digitale et la stratégie d’innovation de l’entreprise. L’entreprise à l’origine du projet doit également identifier les données disponibles, celles devant être numérisées et estimer les bénéfices potentiels en échangeant avec les « ré-utilisateurs » des données (chercheurs, associations, communautés de développeurs, administrés…).

Temps 2 : quelles données pour quels usages ?

Dans un second temps, l’entreprise doit documenter les données qu’elle souhaite mettre à disposition (propriétaire, périmètre géographique, formats, date de publication et de mise à jour, licences…) et définir la méthode d’accès (fichiers téléchargeables en privilégiant les formats ouverts ou interface de programmation afin de permettre un accès direct aux données dont la mise à jour est fréquente). L’entreprise peut ensuite mettre en place son portail et publier des premiers jeux de données, selon plusieurs méthodes en fonction de la disponibilité des données: publication de données déjà publiées, publication de données peu sensibles, publication de quelques données sur une thématique pour tester et obtenir les retours des utilisateurs ou publication de tous les jeux de données.

Temps 3 : libérer les talents

Afin de favoriser l’innovation et la créativité des « ré-utilisateurs », il est essentiel que la démarche Open Data ne soit pas bridée et soit soutenue par un dispositif d’animation continue des communautés. L’entreprise peut ainsi valoriser les projets et services existants (labélisation d’applications ou galerie d’applications) et lancer des concours ou des appels à projets. La Caisse Nationale de l’Assurance Maladie a lancé par exemple un hackathon afin d’encourager le développement d’applications favorisant le bon usage du médicament, pour les patients et les professionnels de santé, en mettant à disposition de nombreuses données (caractéristiques, prix ou taux de remboursement des médicaments).

Temps 4 : mesure et rétro-action

Enfin, comme dans tout projet, la mesure d’indicateurs de performance est capitale pour s’assurer que la démarche Open Data mise en place se révèle bien être un levier de création de valeur et réponde aux objectifs et enjeux définis initialement.

Charles DE GASPERI

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