Face à la longue vie, les français plus prévoyants qu’attendu
L’équipe VERTONE en charge du secteur de la Santé s’est rendue le 2 octobre dernier au colloque du groupe BPCE sur le vieillissement, et vous en relate ici les principaux enseignements.
Ce colloque intitulé « les Français face à la longue vie : entre lucidité et déni de réalité » a été l’occasion pour le groupe BPCE de présenter une étude menée par son Observatoire, dont l’objectif était de faire le point sur le sujet du financement de la fin de vie et d’esquisser des pistes de solutions.
La Ministre en charge des Personnes âgées et de l’Autonomie, Madame Michèle Delaunay, a ouvert le colloque en rappelant que l’augmentation de la longévité est, avant tout, une occasion pour les Français de se réjouir.
L’espérance de vie à la retraite est aujourd’hui élevée, contrairement aux générations précédentes, où l’âge de la retraite coïncidait peu ou prou avec l’espérance de vie. Une retraite qui dure 30 ans constitue, selon Mme Delaunay, une « vie à accomplir » (rappelons que Raymond Radiguet est mort avant 30 ans, Mozart à 34 ans,..).
Ce défi démographique doit être relevé par la France, d’autant plus que nous avons plus de 10 ans de retard sur ce sujet par rapport aux autres pays européens.
Selon la Ministre, la révolution de l’âge a pour opportunité la révolution numérique, qui va aider les personnes âgées à mieux vieillir. La filière « Silver Economy », lancée en avril dernier par Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, et Michèle Delaunay, peut être vectrice de 0,25 point de croissance par an. Par exemple, d’ici 2020, 300 000 emplois supplémentaires seront nécessaires pour prendre en charge les personnes âgées, selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques).
Alain TOURDJMAN, Directeur des Etudes économiques et de la prospective du groupe BPCE poursuit le colloque en présentant les résultats de l’Enquête BPCE L’observatoire / CSA sur les Français face à la longue vie.
Globalement, les Français s’expriment positivement par rapport à l’allongement de l’espérance de vie. C’est pour eux, la possibilité de profiter davantage de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Leur crainte : ne pas avoir les moyens de financer la dépendance. Cette préoccupation est anticipée très tôt, puisque déjà très présente chez les 30-34 ans.
Les Français prévoient globalement une dégradation du niveau de protection sociale, d’où le sentiment qu’il faudra « compter sur soi-même » en cas de dépendance. Si celle-ci survient, la moitié des Français envisage de faire face avec ses revenus.
Au niveau de la santé, également, les Français ont le sentiment d’une dégradation à venir : 51% d’entre eux pensent que le système de santé leur offrira dans le futur un niveau de protection inférieur à celui qu’ils connaissent actuellement, alors même que leurs besoins vont croître. Pour faire face, seule la moitié des Français se prononce pour une augmentation des cotisations sociales. Les autres optent pour un report des dépenses ou pour une augmentation de la prise en charge individuelle.
Autre enseignement de l’étude : la solidarité familiale, qui est très développée en France.
Un chiffre : dans la société française, 46% des 30 ans et plus ont été soutenus matériellement ou financièrement au cours de leur vie, dont 39% par leurs parents.
Pour les seniors, la transmission constitue un moyen de donner à leurs enfants la possibilité de devenir autonomes, en finançant l’achat du premier logement par exemple.
Les Français n’apprécient guère l’idée d’avoir recours à la solidarité familiale pour financer leur dépendance. Ils ont donc massivement recours à l’épargne individuelle pour s’assurer un « matelas » permettant de financer leurs « vieux jours ». Ils favorisent les produits souples et polyvalents, comme l’assurance-vie par exemple, produit détenu par 62 % des ménages Français, avec 1 416 milliards d’euros d’encours fin 2012.
Les produits spécifiques à longue vie, comme l’assurance dépendance (5,5 millions de souscripteurs fin 2010) ou l’épargne retraite (136,8 milliards d’euros d’encours fin 2011) rencontrent quant à eux un succès mitigé. Autre exemple, on ne dénombre que 6 000 prêts viagers hypothécaires depuis l’origine, alors que 85% des séniors sont propriétaires de leur résidence principale qui constitue, pour certains, l’essentiel du patrimoine financier.
On retiendra donc que les Français anticipent majoritairement les besoins liés à la longue vie. Les stratégies patrimoniales individuelles, complétées par les solidarités familiales répondent à la majorité des cas de figures.
Cependant, le besoin d’innovation bancaire et assurantielle se fait sentir pour répondre aux besoins de financement de la dépendance, dans la mesure où la solidarité nationale ne résout pas tout.
Les solutions à développer devront allier souplesse, personnalisation et transparence, tout en n’oubliant pas que la personne vieillissante est une cible spécifique, dont il convient de connaître les caractéristiques si on veut obtenir son adhésion.
Pour aller plus loin http://www.observatoire.bpce.fr/nos-publications.html