04/07/16

Véhicule autonome – Magic bus : fly me to the disruption

Avec le digital, de nombreux nouveaux business models se sont progressivement imposés, au point que la propriété est passée de la norme à l’exception dans de nombreux secteurs. Le streaming a entrainé la fonte des ventes de CD, DVD et Bluray, la presse papier a fait de son propre avis nécrologique un marronnier et l’auto-partage s’est largement développé. En France, le taux de motorisation des 18-24 ans a d’ores et déjà perdu 15 points en 30 ans[1].

L’on pourrait croire que cette tendance favorise les transports en commun sur le long terme

Si le pire n’est jamais certain, il reste toutefois fort à parier que le véhicule autonome apportera un coup d’arrêt quasi définitif à leur développement. On estime en effet que le coût d’un trajet en taxi serait alors divisé par 5[2], hors optimisation du taux d’utilisation des véhicules. Or, cette diminution radicale des tarifs s’accompagnerait d’une hausse considérable du confort pour les usagers : temps d’attente réduit, porte-à-porte systématique, etc. A titre d’illustration, il a été estimé qu’en devenant autonome, 70% de la flotte des taxis jaunes actuellement en circulation à Manhattan suffirait à couvrir les besoins, avec un coût divisé par 8 et un temps d’attente moyen pour les clients de 36 secondes[3].

En parallèle, l’inévitable automatisation de la flotte des transporteurs laisse présager un impact social gigantesque, avec la suppression de quelques centaines de milliers de postes de conducteurs en France.

Pris en tenaille entre cette nouvelle concurrence et l’impératif social, les transporteurs seraient bien inspirés de clarifier rapidement leur stratégie. Si la piste la plus naturelle semble être celle d’une transition vers un métier de gestionnaire de flotte voire de contrôleur de trafic urbain (à l’instar des contrôleurs aériens), cela ne les dispense pas d’une réflexion approfondie sur le sujet. Celle-ci pourrait avantageusement s’appuyer sur une démarche de cartographie des usages, de l’écosystème et de la chaine de valeur dans laquelle ils s’inscrivent et sur l’analyse prospective fine de leur évolution.

Quoiqu’il en soit, il apparait dès aujourd’hui que la différentiation ne s’opèrera plus sur le service de transport lui-même, ni même sur ses préparatifs digitaux (commande, géolocalisation, etc.), mais bien sur l’offre de divertissement occupant les trajets eux-mêmes, ouvrant ainsi la voie vers de nouvelles sources de revenu.

C’est d’ailleurs bien cette nouvelle offre, encore totalement à inventer, qui constituera la planche de salut du transport collectif urbain sur le long terme, sinon condamné à se cantonner à des usages restreints de type navette.

En complément, les véhicules n’étant plus tributaires des temps de repos de leurs conducteurs, l’optimisation de leur taux d’occupation permet d’envisager une nouvelle gamme de services, à l’image d’UberEATS. Ce sont autant d’opportunités à saisir pour les transporteurs non seulement d’un point de vue économique mais également et peut-être surtout d’un point de vue RH.

Transporteurs, votre heure est peut-être venue d’uberiser Uber.

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[1] Source : Etude Keolis – Keoscopie 3

[2] Estimation VERTONE. Uber annonce de son côté une division du prix de ses tarifs par 3 à 10.

[3] Source : Institut de la Terre – Université de Columbia