02/07/25

Le PERIN, 5 ans après : où en est le marché ? quelles sont les dynamiques ?

Depuis son lancement en 2019, le Plan d’Épargne Retraite (PER) — et plus particulièrement sa déclinaison individuelle, le PERIN — a su s’imposer comme un pilier de l’épargne longue. Il séduit un nombre croissant de Français en quête de placements à horizon retraite, notamment grâce à sa souplesse, sa transférabilité et ses avantages fiscaux.

Mais alors que le marché atteint désormais une certaine maturité, un tournant s’opère. La phase de conquête massive par transferts ralentit. Les versements volontaires prennent le relais, marquant une transition vers un cycle où la valeur perçue de l’offre prend le pas sur son existence même.

C’est dans ce contexte que se joue une nouvelle compétition : faire préférer son PERIN à celui d’un concurrent.

Un produit qui monte en puissance

En 2024, en attendant les chiffres officiels, nous estimons que les encours du PER devraient atteindre 126 milliards d’euros, représentant près de 58 % du marché global de l’épargne retraite. Avec plus de 11,6 millions de titulaires estimés, le PERIN est désormais bien ancré dans le paysage des solutions d’épargne retraite, aux côtés de l’assurance-vie ou du PEA.

Cette croissance qui a d’abord été le fruit de campagnes de transfert massives depuis les anciens produits (PERP, Madelin, Article 83…) s’essouffle désormais. En deux ans, la part des transferts dans les encours est passée de 74 % à 57 %, selon les dernières données consolidées.

Ce glissement ne signe pas la fin des transferts — qui restent un levier majeur — mais révèle une dynamique nouvelle : une part croissante de la collecte provient désormais de versements nouveaux. Autrement dit, le PERIN n’est plus uniquement alimenté par des arbitrages d’épargne déjà constituée, mais de plus en plus par des décisions actives d’investissement.

Les premiers transferts ont été largement portés par la promesse d’une offre plus lisible, plus moderne, et plus souple, en particulier en matière de gestion et de transférabilité. Désormais, pour capter de l’“argent frais”, les acteurs doivent entrer dans une logique plus ciblée, plus compétitive et surtout, faire préférer leur PERIN face aux autres.

Des épargnants plus jeunes, plus exigeants

Car oui, le PERIN séduit une nouvelle génération. Les jeunes actifs et les ménages aisés figurent parmi les profils les plus réceptifs au produit. Le PER séduit notamment pour son avantage fiscal, sa capacité à capitaliser dans le temps, et la souplesse offerte par les cas de déblocage anticipé.  Il constitue désormais un levier pertinent en complément des autres enveloppes patrimoniales…

Mais cette adhésion s’accompagne d’attentes nouvelles, bien plus structurées que par le passé :

  • Une expérience utilisateur fluide : simulation, souscription, suivi des performances… tout doit être rapide, compréhensible et digital.
  • Une transparence accrue sur les différentes couches de frais, aujourd’hui encore trop souvent perçus comme opaques ou dissimulés.
  • Une diversification réelle des supports : au-delà du fonds euros, les clients attendent des solutions intégrant ETF, immobilier, private equity, voire actifs non cotés ou cryptos.
  • Une dimension engagée : l’ISR, les fonds labellisés SFDR, la finance verte ne sont plus accessoires — ils deviennent des critères de choix.

Face à ces exigences, les offres traditionnelles paraissent souvent figées, peu narratives, parfois trop centrées sur l’ingénierie interne au détriment de la perception client.

D’un produit réglementaire à une promesse de valeur

Ce changement de paradigme appelle un repositionnement stratégique des offres PERIN existantes, associé à un marketing des offres beaucoup plus affirmées. Le marché évolue rapidement, et avec lui, les standards implicites de qualité perçue.

Il ne suffit plus d’avoir un PER. Il faut avoir le bon PER, c’est-à-dire une offre capable de générer confiance, simplicité, et projection patrimoniale.

Cela passe par :

  • Une réévaluation du positionnement de l’offre : pour qui est-elle vraiment conçue ? quelle promesse porte-t-elle ?
  • Un travail sur le parcours client, souvent le maillon faible : combien d’étapes pour une souscription ? Quel accompagnement (sélection des fonds, versements, rachats…) ? Quel discours pédagogique ?
  • Une mise en cohérence des frais et de la valeur proposée : dans un contexte de régulation accrue en faveur de la protection des consommateurs,, c’est un levier stratégique.
  • Une capacité à incarner une vision, en particulier sur les enjeux de durabilité, de transparence et d’impact.

Et maintenant ?

Le PERIN est là pour durer. Il a trouvé son marché. Mais la véritable compétition commence maintenant : celle de la différenciation perçue, de l’expérience utilisateur, et de la capacité à construire une marque produit forte, au-delà du cadre réglementaire.

Les acteurs qui réussiront cette bascule ne seront pas nécessairement ceux qui ont lancé leur PER les premiers. Ce seront ceux qui auront compris qu’au-delà de l’enveloppe, c’est la manière de la délivrer qui crée la préférence.

Vous avez déjà un PERIN dans votre portefeuille d’offres ? Ou vous souhaitez investir sur ce marché porteur ?

Nous accompagnons les acteurs de l’épargne dans l’analyse stratégique de leur positionnement PERIN et l’activation des bons leviers de différenciation.

Un article rédigé par

Nicolas G
Nicolas G

Manager