30/04/21

RSE des laboratoires pharmaceutiques : des engagements méconnus du grand public

S’inscrivant dans une démarche RSE, les laboratoires pharmaceutiques s’engagent pour une activité plus responsable. Au-delà de l’innovation médicale déjà au cœur de leur métier, ils développent des actions en faveur de l’environnement et de la société souvent méconnues du grand public. Quels sont les grands enjeux RSE auxquels répondent les acteurs du secteur pharmaceutique ?

Favoriser l’innovation médicale et la promotion d’une santé responsable pour tous

L’innovation médicale est l’un des fondements du métier des laboratoires pharmaceutiques. Néanmoins différentes stratégies de recherche se distinguent comme autant de stratégies responsables de lutte contre la maladie. Certains laboratoires mettent en avant leur participation à l’effort mondial pour éliminer des maladies majeures (ex. VIH, tuberculose, cancer, Alzheimer), alors que d’autres mettent l’accent sur les maladies rares ou orphelines (ex. mucoviscidose, fibrose pulmonaire idiopathique, hémophilie…). Pour rappel, plus de 7000 maladies dites « rares » sont recensées dans le monde, concernant chacune moins d’une personne sur 2 000, mais cumulant ensemble plus de personnes touchées que le cancer.

Un autre enjeu majeur des laboratoires pharmaceutiques est de garantir l’accessibilité de leurs traitements innovants à l’ensemble des patients. Par exemple, Roche a initié le projet PRM (Modèles de Remboursement Personnalisé) ayant pour objectif de mettre en œuvre des modèles de prix différenciés pour les patients via des accords de prix plus spécifiques entre Roche et les autorités nationales de santé. Le remboursement des médicaments pourra être fait en fonction de la valeur réelle apportée aux patients, par exemple par indication, profils patients, par stades de la maladie, selon les associations de traitements ou les bénéfices patients observés.

Enfin la lutte contre la résistance aux antibiotiques reste un axe majeur de recherche et de responsabilité, via notamment le développement de solutions de médecine préventive comme les vaccins, mais aussi l’étude d’alternatives comme la phagothérapie. Une autre piste consiste à dispenser les médicaments à l’unité pour mieux assurer le respect de la dose et de la durée du traitement.

Soutenir l’Ecosystème de santé et maintenir l’intelligence collective

L’enjeu premier du secteur pharmaceutique sur le plan socio-économique est de collaborer activement avec d’autres acteurs et de travailler en réseau pour développer des solutions de santé. Les laboratoires doivent s’ouvrir à l’ensemble des acteurs de leur écosystème de santé : professionnels de santé, autorités nationales, laboratoires communautaires, collectivités, mais aussi start-ups, solutions digitales, voire des concurrents. Sanofi a ainsi créé en 2016 un comité de parties prenantes afin de « débattre des grandes questions ayant un impact sur l’entreprise et travailler sur des plans d’actions concrets. » Le comité réunit une quarantaine de personnes représentant différentes parties prenantes externes de Sanofi (ONG, associations de patients, instances officielles, professionnels de santé, chercheurs, professionnels du monde des affaires et de la finance, syndicats et médias). Les groupes de travail se consacrent à quatre thèmes prioritaires : l’accès aux soins, le prix de l’innovation, la R&D et l’empreinte socio-économique de l’entreprise.

Les laboratoires pharmaceutiques peuvent également jouer un rôle dans l’éducation et le soutien des professionnels de santé. On notera l’initiative de Johnson & Johnson, qui a créé un centre d’innovation pour les professionnels de santé, le Center for Health Worker Innovation, afin de répondre au manque de personnel à l’échelle mondiale.

Plus que tout autre secteur, celui de la santé nécessite que ces initiatives et ces projets soient menés de manière éthique et transparente. Le respect des lois et des normes d’éthique est l’un des engagements majeurs des laboratoires.

Bien sûr, les acteurs pharmaceutiques communiquent également sur leur soutien à des associations, à des causes ou des initiatives d’intérêt général, souvent orientées sur la santé et le bien-être de populations défavorisées.

Diminuer leur impact environnemental

Comme dans la plupart des autres secteurs, les acteurs pharmaceutiques s’engagent sur une diminution forte de leur impact environnemental, avec des indicateurs classiques : réduction de l’empreinte carbone, de la consommation d’énergie et d’eau, favorisation de l’utilisation d’énergies renouvelables, réduction de la production de déchets. Ces initiatives, bien que documentées dans les rapports RSE, sont finalement peu connues du grand public.

De manière plus visible pour le consommateur final, l’enjeu du packaging occupe une place dans les débats : éco-conception des emballages, packaging recyclable, ou distribution de médicaments à l’unité. Cette dernière solution permettrait de limiter l’utilisation de matières premières (carton, plastiques…) sur le modèle du « vrac », et éviterait également le gaspillage des médicaments achetés dans des quantités standard sans tenir compte du dosage et de la durée du traitement.

Promouvoir des pratiques RH et des conditions de travail responsables

Dernière thématique et non des moindres, les laboratoires pharmaceutiques s’engagent en tant qu’« employeurs responsables » pour leurs collaborateurs : diversité et inclusion, développement des talents, insertion professionnelle, égalité femmes-hommes, conditions de travail…

On notera que l’engagement de ces acteurs pour la santé humaine se prolonge dans l’accompagnement de leurs collaborateurs confrontés à la maladie. Par exemple, Cancer@Work, le premier club d’entreprises ayant pour objectif l’inclusion et l’accompagnement au travail des collaborateurs touchés par un cancer, compte parmi ses membres les laboratoires Roche, Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca.

Engagés sur les enjeux de la RSE, les laboratoires pharmaceutiques communiquent à un niveau corporate sur les initiatives qu’ils mènent pour l’innovation médicale, le soutien de l’écosystème médical, l’environnement et leurs collaborateurs. Ces engagements, peu connus du grand public, pourraient être mieux valorisés auprès des clients B2B et des clients finaux pour développer l’image de marque et regagner la confiance des Français envers un secteur parfois décrié.

Un article rédigé par Florence Hirondel