19/03/21

Comité de parties prenantes : comment instaurer un dialogue régulier avec son écosystème ?

De nos jours, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises prend de plus en plus de place dans les réflexions des dirigeants. Mais, ces derniers sont tiraillés entre la volonté d’agir et développer leur utilité sociétale, et l’exigence de performance économique à court terme : l’éviction d’Emmanuel Faber à la tête de Danone illustre cette tension de plus en plus en forte entre la pression de résultats rapides et la nécessité de se transformer en profondeur.

Dans ce contexte, il peut être difficile de savoir quelle stratégie adopter et quels projets prioriser en tenant compte des attentes des parties prenantes : des actionnaires bien sûr, mais aussi des collaborateurs, des clients, des fournisseurs, des municipalités, des syndicats, des ONG, etc.

La création d’un comité de parties prenantes est un moyen intéressant d’instaurer le dialogue avec l’écosystème et de trouver un terrain d’entente entre les différents acteurs intéressés par le développement de l’entreprise. De plus en plus d’entreprises font le choix de créer ce type de comités : FDJ, SNCF, Véolia, Michelin, Carrefour, AXA, Nexity… Comment s’y prennent-elles ? Quelles sont les attentes des parties prenantes ? Quels sont les risques et les opportunités à anticiper ?

Qui sont les parties prenantes d’une entreprise ?

Les parties prenantes d’une entreprise sont toutes les personnes physiques ou morales ayant un intérêt dans les activités de l’entreprise : soit parce qu’elles contribuent à sa création de valeur, soit parce qu’elles en tirent des bénéfices, soit parce qu’elles doivent en assumer des risques ou des conséquences.

Trois grandes typologies de parties prenantes peuvent être distinguées :

  1. Les parties prenantes internes à l’entreprise : direction, management, collaborateurs…
  2. Les parties prenantes externes proches de l’entreprise : clients, fournisseurs, distributeurs, actionnaires, régulateurs, syndicats, partenaires, associations soutenues par l’entreprise…
  3. Les autres parties prenantes externes plus lointaines ou membres de la société civile : pouvoirs publics, communautés locales, ONG, journalistes, économistes…

Pourquoi instaurer un dialogue avec ses parties prenantes ?

Si l’entreprise veut assurer sa pérennité sur le long terme, elle doit comprendre les attentes de ses parties prenantes internes et externes, afin de les anticiper et de les adresser de manière proactive et positive.

Parfois, les attentes seront naturellement positives : les parties prenantes exprimeront des souhaits, des opportunités ou des idées d’innovation. Parfois à l’inverse, le dialogue instauré avec elles permettra d’identifier des tensions, des conflits ou des sujets de controverse potentielle. Dans les deux cas, il serait dommage de se priver de la possibilité d’anticiper ces avis pour les gérer au mieux.

Le tout est de choisir les parties prenantes qui sauront exprimer des avis constructifs, et de les animer de manière à bâtir une dynamique profitable pour l’entreprise.

En quoi consiste un comité de parties prenantes ?

Originaire des pays anglo-saxons, le concept des « comités de parties prenantes » a vu le jour il y a une vingtaine d’années en France (2000 pour EDF, 2003 pour Lafarge, 2013 pour Véolia…), et continue de prendre de l’ampleur ces dernières années, par exemple avec Carrefour et SNCF en 2018 ou FDJ en 2020.

Les comités de parties prenantes regroupent généralement entre 10 et 20 participants de profils variés, en présence de la Direction de l’entreprise, pour échanger 1 à 2 fois par an sur des sujets stratégiques. Nous pouvons distinguer trois grands types d’objectifs pour ces comités :

  • S’inspirer / se projeter :
    Le comité de parties prenantes permet à l’entreprise de prendre le pouls de la société, échanger sur des sujets prospectifs et sonder les grandes tendances à prendre en compte dans sa stratégie à long terme. Quels bénéfices attendent les parties prenantes vis-à-vis de l’entreprise ? A l’inverse, à quels risques ou impacts négatifs sont-elles confrontées et comment souhaitent-elles que l’entreprise se positionne par rapport à ceux-ci ?
  • Valider des idées ou des projets :
    Le comité peut servir à soumettre des idées, des feuilles de route ou des projets concrets pour recueillir l’avis des parties prenantes. Cela permet d’anticiper les réactions et de maximiser les chances de succès du projet, en faisant au besoin des adaptations en amont.
  • Renforcer la coopération et l’intelligence collective :
    L’idée du comité n’est pas seulement de recueillir des informations de la part de chaque partie prenante, mais aussi de les faire dialoguer entre elles, d’orchestrer l’intelligence collective, et de chercher des consensus sur des sujets où leurs intérêts pourraient diverger.

Les formats et le profil des intervenants varient pour chaque entreprise. Par exemple, Véolia regroupe dans son comité Critical Friends des personnalités issues des mondes associatif, institutionnel et académique, ainsi que clients, fournisseurs et salariés. Plus récemment, en 2018, Carrefour a créé le Comité d’Orientation Alimentaire avec notamment des personnalités du secteur de l’agro-alimentaire : Lucie Basch, Fondatrice de la start-up Too Good To Go, Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone, ou encore Jean Imbert, chef cuisinier engagé.

Quelles questions se poser pour la création d’un comité de parties prenantes ?

Une fois la décision prise de créer un comité de parties prenantes, plusieurs questions devront être adressées pour assurer son succès :

  • Cadrer les grands principes du comité : Quel est l’objectif du comité ? Quel rôle et quel pouvoir d’influence le comité a-t-il vis-à-vis des autres instances de décision de l’entreprise ? Quelle représentativité du conseil d’administration assurer ? Quelles parties prenantes inviter compte tenu du contexte de l’entreprise ?
  • Définir les modalités pratiques du comité : Quels thèmes seront abordés lors du comité ? A quelle fréquence ? Dans quel format et avec quelles méthodes d’animation pour engager les parties prenantes et les équipes de l’entreprise ?
  • Orchestrer le comité en interne dans l’entreprise : Quels processus mettre en place dans l’entreprise en amont de chaque comité ? Quels processus et outils mettre en place dans l’entreprise à la suite des comités pour suivre les actions et s’assurer de leur bonne mise en œuvre ? Quelle communication déployer en interne comme en externe ?

En conclusion, la mise en place d’un comité de parties prenantes est un signal fort d’ouverture de l’entreprise vers l’extérieur et montre sa volonté de collaborer avec son écosystème. Pour être un succès, les objectifs du comité ainsi que le lien avec les autres instances de gouvernance devront être clairement définis. Une partie importante du travail réside également dans l’animation et la coordination du jour J, ainsi que le suivi des actions post-comité.

Un article rédigé par Florence Hirondel