21/04/22

Le SHIFT PROJECT et son PTEF, décryptage

Le 26 janvier 2022, le SHIFT PROJECT a remis son Plan de Transformation de l’Economie Française (PTEF, Odile Jacob). Ce rapport détaille les différents leviers d’actions pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5% par an, conformément aux objectifs prévus lors des Accords de Paris en 2015.

contexte

Partant d’un contexte climatique et énergétique préoccupant, en résonance avec la publication du 6ème rapport du GIEC, le PTEF entend aborder le sujet de la décarbonation par des propositions pragmatiques et réalistes. Loin d’être une utopie écologiste, la transformation bas carbone place l’emploi comme moteur de cette dynamique. L’ambition affichée est de peser sur le débat public à quelques jours d’élections majeures pour le pays. En sensibilisant les décideurs politiques et économiques sur le besoin de planifier la transition, le Shift Project se positionne parmi les premiers théoriciens de la décarbonation.

Le shift project : qu’est-ce que c’est ?

Ce groupe de réflexion a été créé en 2010 et est présidé par le médiatique Jean-Marc Jancovici. Le Shift Project œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone avec la mission d’éclairer et d’influencer le débat sur la transition énergétique.

Ce think tank est en partie financé par des mécènes influents tels que l’industriel ALSTOM, l’assureur AXA ou encore la 1ère banque européenne BNP Paribas. Mais sa réelle richesse est l’ensemble des 2000 contributeurs bénévoles qui rédigent et diffusent les rapports.

Les contributeurs sont encadrés par une cinquantaine de chefs de projets et corrigés par un comité d’experts issus de la société civile, de chercheurs ou d’universitaires. Cette méthodologie assure la traçabilité des travaux et prône une certaine éthique de travail.

Dans son PTEF, le Shift Project analyse puis « projette à horizon 2050 » les grands usages et les processus de 13 secteurs, interconnectés par essence. Par cette approche systémique, le projet vise ainsi à bâtir un fonctionnement cible bas carbone, où chaque maillon de la chaîne évolue en cohérence avec son écosystème.

Principaux secteurs étudiés par le PTEF

État des lieux multisectoriels et réponses apportées

En parallèle de décrire l’état des lieux des différents secteurs et de proposer des idées pour changer la donne, le PTEF établit des consignes pour assurer l’agilité de nos sociétés tout en conservant une forme de confort face aux imprévus :

  • Réduire fortement la consommation d’énergies fossiles afin de se prémunir du mieux qu’on peut de conflits liés à l’approvisionnement, la seule source significative pour l’Europe en hydrocarbures située en mer du Nord s’épuise, et aussi pour respecter nos engagements climatiques !
  • Limiter notre consommation de matériaux pour s’émanciper au plus vite du recours permanent, toujours plus important, à des équipements de production ou de consommation. (Grands consommateurs de minerais ou autres matériaux plébiscités par tous… et tout le temps.)
  • Limiter notre consommation de biomasse. Il est prudent de ne pas trop attendre de la biomasse comme source d’énergie. Sa production est en conflit direct avec les cultures et participe aux pressions intenses déjà infligées aux ressources biologiques : Pollution, exploitation, érosion, artificialisation des sols…

L’analyse des différents secteurs permet de distinguer deux catégories :

  • Les secteurs connus comme pollueurs :
    • Industrie (20% des émissions de GES en France)
    • Agriculture et alimentation (25% des émission de GES en France)
    • Mobilité quotidienne et longue distance (25% des émissions de GES)
    • Automobile (20% des émissions de GES en France)
  • Les secteurs moins visibles sur leurs émissions :
    • Logement (12% des émissions de GES en France)
    • Santé (8% des émissions de GES en France)
    • Culture (1-2% des émissions de GES en France)

Ainsi, pour réduire l’empreinte carbone de chaque secteur, les propositions formulées s’articulent autour de 3 grands axes :

  1. Production, consommation et adaptation des modes de vie à l’échelle locale
  2. Réduction des distances parcourues par les marchandises et électrification des moyens de transport
  3. Migration vers une sobriété des modes de vie (par opposition avec « l’opulence énergétique dans laquelle nous vivons actuellement »)

En bref, si nous devions retenir une seule phrase du PTEF ce serait que l’amélioration de notre résilience est possible par la sobriété* de nos usages, par la transformation efficace** de la technologie qu’on utilise ou le recours massif à l’électricité*** pour notre futur énergétique.

* Moins de voitures donc moins de métal consommé, moins de viande à nos repas donc moins d’émissions de méthane ou des déplacements en avion moins fréquents et moins loin donc un ralentissement de l’extraction de carburants fossiles.

** Grâce à des évolutions technologiques ou une rénovation énergétique des logements, moins d’énergie consommée pour se rendre quelque part ou pour chauffer son logement.

*** L’électrification permet d’extraire de l’énergie par des biais moins contraignants pour l’environnement que la production de carburants fossiles. Le nucléaire complété par des EnR permet d’éviter la surexploitation des terres dédiées aux agrocarburants.

La vision à 2050

D’après le Think Tank, la vision à horizon 2050 serait celle d’un pays où l’État serait un financeur clé, les collectivités coordonneraient la mobilisation pour le climat à l’échelle locale, les entreprises seraient incitées à mieux produire et l’épargne serait orientée vers la transition écologique.

Au niveau des consommateurs citoyens, il s’agirait de prendre beaucoup plus systématiquement en compte les enjeux environnementaux dans l’assouvissement des besoins et envies.

Et pour chacun de ces niveaux, il ne faudra pas attendre 2050 pour commencer à œuvrer dans le sens de la transformation…

Vous souhaitez recevoir les principaux enseignements du PTEF et une synthèse des propositions pour votre sectoriel d’activité ? Contactez-nous

Un article rédigé par

Frédéric Souty, Consultant