Le congrès Gazelec 2015 au fil des tweets
Le Congrès Gazelec est le rendez-vous annuel des acteurs concernés par l’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence en France. Nous y participons depuis plusieurs années et vous livrons notre retour sur les échanges qui ont marqué la dernière édition des 13 et 14 octobre 2015.
Nous vous proposons une lecture en deux parties, d’une part sur le marché de l’électricité, et d’autre part sur le marché du gaz, et illustrée par les tweets postés.
Marché de l’électricité : une ouverture à la concurrence encore frileuse … le plus dur reste à faire
Où en est l’ouverture du marché de l’électricité en France ?
Sur 470 00 sites qui devaient souscrire une offre au tarif du marché, le bilan est jugé « inquiétant » par les participants au débat lors du congrès. Au 30 juin il restait 400 000 sites à basculer. Les participants remarquent le « relatif peu d’appétence » du marché français à passer à la concurrence.
@CongresGAZELEC : Le marché français vit dans sa bulle : l’amont est encore très concentré et l’aval de plus en plus ouvert à la concurrence
— Vertone Energie (@Vertone_Energie) 13 Octobre 2015
Quel impact de l’ouverture du marché de l’électricité sur les prix ?
Tous les membres du CLEEE (association de consommateurs industriels français) ont choisi un fournisseur et l’ensemble va basculer en offre de marché d’ici le 1er janvier 2016. Ils témoignent de baisses de tarifs de 5 à 10% avec une compétition moins vive qu’à l’attendu : le site de la CRE présentait 14 répondants potentiels aux appels d’offres et en réalité ils étaient la plupart du temps seulement 4 à répondre. Pour des petites entreprises, il n’y a parfois qu’une seule réponse.
.@CongresGAZELEC La fin des tarifs est même une aubaine sur le prix de l’énergie et les services associés, S.OULIE, — Vertone Energie (@Vertone_Energie) 13 Octobre 2015
Dans la bataille commerciale que se livrent les fournisseurs, les nouveaux entrants identifient de nombreux clients dont la puissance souscrite est supérieure à leur besoin : les « mal turpés ». Ils souhaiteraient adapter la puissance souscrite à la baisse pour optimiser le prix de l’abonnement, mais ERDF s’avoue dans l’incapacité de tenir le calendrier de déploiement des changements de fournisseurs dans le cas d’une modification simultanée de la puissance souscrite.
Comment le prix pourrait-il évoluer dans les années à venir ?
Comme les années précédentes, le mode de calcul du prix de l’énergie est au cœur du débat.
Les participants souhaitent affecter les coûts de manière différenciée pour que les prix soient justes. Sur ce point le projet de loi sur la transition énergétique propose de payer le coût du réseau en fonction du profil de consommation des clients (stable, prévisible, anticyclique), ce qui peut justifier une différence de tarif dans le respect du principe d’égalité et de cohésion sociale.
@CongresGAZELEC La révolution des réseaux se situe dans le pilotage des réseaux et les réseaux intelligents pour mieux adresser la demande.
— Vertone Energie (@Vertone_Energie) 13 Octobre 2015
Concernant l’ARENH, le régulateur est interpellé par l’ensemble des acteurs du marché sur la méthodologie d’évolution de son prix et sa durée d’application sans que les participants ne trouvent de terrain d’entente entre une prolongation de l’ARENH à partir de 2025 (préférence des industriels et fournisseurs) et une poursuite de son caractère transitoire (souhait de la Commission Européenne).
Comment se positionnent les acteurs du marché sur la Maîtrise de la Demande en Energie (MDE) ?
Au-delà de l’offre de fourniture, le débat a porté sur le marché des services de Maîtrise de la Demande en Energie (MDE). EDF insiste sur sa capacité à aider les clients à maîtriser leur budget par les économies d’énergie. Les PME demandent par la voix du Gesec une concurrence loyale avec les leaders du marché des services énergétiques incarnés par Cofely et Dalkia.
.@CongresGAZELEC le GESEC (GIE de 357 PME du bâtiment) demande une concurrence plus loyale avec Dalkia et Cofely. — Vertone Energie (@Vertone_Energie) 13 Octobre 2015
Tous les sites auront-ils opté pour une offre de marché avant le 31 décembre 2015 ?
La CRE, tout en estimant que le marché met du temps à s’ouvrir, a mis au point un dispositif d’offre transitoire au premier semestre 2016, pour les sites qui n’auront pas souscrit une offre de marché avant fin 2015.
Conscients du retard pris dans la souscription d’offres de marché en remplacement des TRV les participants au débat évoquent le nombre de 250 000 sites qui basculeraient en offre transitoire début 2016. Chiffre modéré par le directeur du marché B2B d’EDF indiquant que le passage des clients en offre de marché était en accélération forte depuis septembre 2015.
.@CongresGAZELEC évaluation de 200k à 250k sites en offre transitoire début 2016. EDF espère moins.
— Vertone Energie (@Vertone_Energie) 13 Octobre 2015
Que se passera-t-il au-delà du 1er juillet 2016 ?
Il est nécessaire, selon la CRE, d’avoir un dispositif post offre transitoire pour ceux qui n’auront pas opté pour une offre de marché au 1er juillet 2016. Elle y travaille.
Marché du gaz : prix fixes ou prix variables, le débat continue et le marché évolue
Comment la concurrence s’est-elle installée sur le marché du gaz ?
La concurrence s’est installée sur le marché avec des acheteurs qui n’hésitent pas à solliciter jusqu’à 10 fournisseurs sur certains appels d’offre publics. D’autres critères sont aussi pris en compte par les acheteurs pour limiter la facture : achat au bon moment et optimisation de l’efficience énergétique.
Gaz à prix fixe ou prix variable ?
Les acheteurs ont un avis partagé selon leur maturité. Les prix fixes, plus simples à comprendre et permettant de mieux anticiper les coûts, sont choisis par la plupart des PME/PMI et certaines collectivités souhaitant maîtriser leur budget. Cependant les fournisseurs reconnaissent que les acheteurs sont montés en compétence sur les prix variables. Ils leur accordent un bénéfice de flexibilité et de moindre impact de la date d’achat sur le coût de l’énergie.
Vous prenez un risque d’acheter au prix fixe plutôt que prendre le #swap, JF Daubonne @GNF_es #gaz pic.twitter.com/p9c9WUTtsm — Congrès GAZELEC (@CongresGAZELEC) 14 Octobre 2015
CEE : le marché est-il suffisamment transparent ?
Les fournisseurs proposent des dispositifs de Maîtrise de la Demande en Energie éligibles au CEE à leurs clients, renforçant ainsi leur proximité avec eux. Cependant, un acteur spécialisé dans les économies d’énergie, GeoPLC , soumet au débat le manque de transparence des fournisseurs sur le coût réel des CEE.
« Il n’y a aujourd’hui aucune transparence sur le coût réel des CEE dans les factures » (H. Sartre @GEO_PLC) @CongresGAZELEC
— Energie2007 (@Energie2007) 14 Octobre 2015
Ce n’est pas l’avis des acheteurs, qui préfèrent aujourd’hui à l’unanimité laisser la responsabilité des CEE aux fournisseurs, peu importe l’utilisation qu’ils en font.
Et le biométhane ?
Parmi les objectifs fixés par la loi de transition énergétique, la part des énergies fossiles dans la consommation énergétique de la France devra tomber à 30% d’ici à 2030. Le GRTgaz a de son côté fixé un cap ambitieux, avec un système gazier français entièrement décarboné d’ici 2050. Ce contexte légitime l’injection massive du bio-méthane dans le réseau de transport et de distribution du gaz naturel. Or la France accuse un retard certain par rapport à ses homologues européens que sont l’Allemagne ou la Suisse sur l’injection de bio-méthane dans le réseau de gaz naturel. Sur « la quinzaine de projets majeurs biogaz/biométhane lancés en France, 1 seul consiste à injecter du biométhane dans le réseau de transport de gaz naturel ».
#gazelec « 10% de biométhane dans les réseaux en 2030, mais seulement 15 projets biogaz aujourd’hui, dont 1 seul injecte dans le réseau » — Vertone Energie (@Vertone_Energie) 14 Octobre 201
D’après Jérôme Ferrier, Président de l’Association Française du Gaz, la France a du retard car le bio-méthane n’est pas considéré comme une énergie renouvelable et verte, d’un point de vue administratif et fiscal. Il plaide pour la création d’un financement analogue à celui de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité) pour que le coût « des installations locales de réutilisation du gaz-méthane soit réparti sur tous ».
Les consommateurs de gaz sont-ils prêts à adopter des usages en bio-méthane ?
Les fournisseurs confirment que la demande en biométhane reste faible. Elle ne concerne que quelques collectivités ou entreprises qui souhaitent « verdir » leur marque. A titre d’exemple, le groupe Carrefour a pris la décision de transformer ses déchets en biométhane pour alimenter sa flotte de camions (bien que le surcoût ne soit pas neutre). Mais aucune décision n’a encore été prise concernant la conversion en bio-méthane de l’énergie consommée en magasins.
Comment Carrefour transforme les déchets en biocarburant ? https://t.co/7z0Hn4Eb2o cc @worldefficiency pic.twitter.com/VKHkopaIxa — Carrefour France (@CarrefourFrance) 15 Octobre 2015
Article publié le 17/11/2015 et rédigé par Alexandre Bocris, Constance Lemoine, Raphaël Levi, Laetitia Faliere
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