Prévention santé en entreprise : quelle stratégie pour les assureurs ?
Les Echos réunissaient Mardi 26 avril 2016 des intervenants du monde de l’assurance et de l’entreprise autour d’une table ronde consacrée aux Programmes Prévention Santé en Entreprise, ou Corporate Wellness Programs.
Nous nous sommes intéressés en particulier à la vision de 2 assureurs sur ces programmes : Malakoff Médéric représenté par Laurence Ricard d’Haultfoeuille, responsable Pôle Services Santé, prévention e-santé, Direction Santé & Gestion du risque et Generali représenté par Yanick Philippon, directeur des assurances collectives et membre du comité exécutif de Generali France.
Quelle est la stratégie des assureurs en la matière ? Quelle demandes constatent-ils de la part des entreprises ? Quels objectifs poursuivent-ils ?
En préambule, l’étude réalisée par Les Echos révèle 2 enseignements intéressants :
- Seule une partie des assureurs a fait le choix de se positionner sur ces programmes. Beaucoup de ne proposent rien dans ce domaine.
- Ceux qui proposent des programmes de prévention, les orientent essentiellement autour de la santé sous l‘angle du bien-être (nutrition, activité physique, sommeil, mal de dos…), le respect des obligations légales en matière de prévention et, pour certains, la maîtrise de l’absentéisme. Aucun ne se positionne réellement sur la prévention des maladies chroniques lourdes (diabète, maladies cardiovasculaires…), contrairement aux Etats Unis où la pluparts des programmes portent sur ces maladies.
Quels programmes proposent ou vont proposer Malakoff Médéric et Generali ?
Laurence Ricard de Malakoff Médéric explique qu’avec sa nouvelle offre de coaching santé «Vigisanté», Malakoff Médéric propose une offre complète couplant digital pour tous, plateforme santé, coaching individuel autour de l’arrêt du tabac par exemple et dépistages ciblés.
Generali annonce la sortie prochaine du programme Vitality en partenariat avec l’acteur sud africain Discovery. Un programme qui encouragera les salariés à prendre soin de leur santé avec comme incentive des réductions à valoir sur les offres de partenaires dans le domaine de la nutrition, du sport ou des voyages. Ce programme sera entièrement décoléré de l’offre d’assurance (l’usage et les données santé n’auront pas d’impact sur les tarifs) et proposé gratuitement en inclusion sur les contrats santé collectifs.
Des 1ères initiatives proposées par Generali dans ce domaine n’ayant pas été suffisamment « consommées » par les salariés, la marque a préféré s’associer avec un spécialiste proposant un mécanisme attractif d’incitation à l’usage.
Pourquoi Malakoff Médéric et Generali proposent ces programmes et qu’en attendent-ils ?
La stratégie Malakoff Médéric autour d’un programme plus large, Entreprise Territoire de Santé, repose sur le pari du triple gagnant : le salarié prend davantage soin de sa santé, l’entreprise bénéficie de gain de productivité et de maîtrise de ses dépenses santé et l’assureur peut espérer des gains sur sa sinistralité en santé et en prévoyance.
Le groupe perçoit clairement un intérêt grandissant pour ce sujet de la part des entreprises, mais également des branches professionnelles qui veulent sensibiliser les petites entreprises autour de ces problématiques.
M. Philippon de Generali explique la volonté de Generali de développer son programme par 4 facteurs :
- Un constat de l’intérêt grandissant des entreprises pour la thématique du bien-être au travail
- Le fait que le patient devienne davantage acteur de sa santé notamment grâce au digital
- La volonté pour l’assureur de ne plus être un payeur aveugle
- La volonté d’occuper ce terrain déjà préempté par certains concurrents
L’attente pour Generali n’est pas du côté des gains de sinistralité, trop longs et complexes à prouver mais plutôt sur la différenciation commerciale et le développement de la satisfaction de ses clients entreprises et salariés.
En conclusion, les échanges entre experts de la table ronde montrent effectivement qu’une évolution est en train de s’opérer dans l’entreprise qui se sent de plus en plus légitime à intervenir dans le domaine de la santé pour ses salariés.
Les assureurs ont tout intérêt à rapidement se positionner sur ces offres ; en effet tout comme les réseaux de soins, devenus en quelques années des prérequis dans les appels d’offres d’assurance, les programmes de prévention santé semblent en passe de devenir un incontournable. A défaut de générer de vrais gains de sinistralité, encore difficiles à démontrer, ils pourraient permettre aux assureurs de faire la différence sur le plan commercial.