5 BONNES PRATIQUES POUR TRANSFORMER L’ENTREPRISE À L’AUNE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Du 13 au 14 septembre 2022, nous avons assisté au salon PRODURABLE, l’un des plus grands rendez-vous européens des acteurs et des solutions en faveur de l’économie durable. Nous y avons entendu beaucoup d’entreprises qui ont toutes en commun d’avoir mis un pied à l’étrier du durable. Et finalement, ne serait-ce pas la bonne démarche : ne pas attendre la solution miracle ou l’idée magique pour se lancer… y aller, enclencher la dynamique responsable & durable, pour petit à petit transformer l’entreprise, le modèle et les collaborateurs ? Les enjeux et les priorités sont différents selon les entreprises, leurs projets et leur maturité. Nous avons néanmoins identifié 5 bonnes pratiques.
1/ Objectiver & prioriser les actions
Les enjeux RSE sont complexes et multi-dimensionnels, et il n’existe pas de solution parfaite et unique pour y répondre. Pour que la stratégie RSE ne soit pas que l’affaire de l’intuition de certains ou des convictions d’autres, il est important que les enjeux soient analysés, voire mesurés, puis que les actions soient objectivées, priorisées et partagées et validées par tous.
Pour analyser les bouleversements qui impacteront en priorité la chaîne de valeur de leur entreprise à 5 ou 10 ans, EVANEOS et SODEBO ont réalisé une « analyse de double matérialité ». Le principe ? Les impacts, à la fois environnementaux, sociétaux ou économiques, sont positionnées sur une matrice permettant d’évaluer leur niveau d’impact sur l’entreprise et la chaîne de valeur, par rapport à leur probabilité d’occurrence. Cette méthode permet d’identifier, de rationaliser et de prioriser les risques & opportunités majeurs pour l’entreprise, donnant ainsi du sens à la stratégie RSE de l’entreprise en alignant toutes les parties prenantes. Par exemple, au travers de cette analyse de double matérialité, SODEBO a réalisé que son enjeu majeur était d’assurer la pérennité de l’activité agricole en amont alors qu’ils se concentraient à date beaucoup plus sur la réduction des emballages.
Quant à SIMONE PERELE, la marque de lingerie a souhaité faire de la RSE un projet structurant et transformatif impliquant l’ensemble des parties prenantes. Pour cela, elle s’est faite accompagnée d’un cabinet de conseil et a décidé d’articuler sa démarche RSE autour de 3 axes principaux déclinés en 12 enjeux et en 100 actions concrètes consolidées dans une feuille de route. Enfin, BIC, qui vend plus de 1,5 milliard de briquets par an, s’est appuyé sur des données factuelles, parfois contre-intuitives, pour prioriser ses actions, par exemple sur le fait que l’impact carbone par flamme d’un briquet est inférieur à celui d’une allumette et que la majorité de l’impact carbone (55%) vient de la tête du briquet en métal plutôt que du corps en plastique. Ainsi, BIC s’est fixé pour ambition de collecter les briquets usagés dans une démarche d’économie circulaire et de réduire l’impact des briquets échappant aux boucles de collecte en travaillant par exemple sur le format et sur les matières composant le produit.
2/ Commencer par un projet sur une partie de l’offre et raisonner en test & learn
Les enjeux de mise en œuvre sont majeurs et sont un frein important pour les entreprises qui doivent réinventer tout ou partie de leurs pratiques et de leurs processus opérationnels. Les entreprises hésitent également souvent à lancer de nouveaux modèles dû à l’incertitude de la rentabilité financière.
Passer par une phase d’expérimentation ou de PoC (Proof of Concept) sur une partie de l’offre permet d’éprouver le modèle, de récolter les retours clients, d’analyser l’impact, d’identifier les axes d’amélioration, de dessiner un business model durable et rentable, avant de développer l’offre à d’autres gammes…
Par exemple BLEDINA a récemment lancé en test une gamme de 4 produits pour bébés en consigne. Pour ce faire, ils ont dû mener un projet d’envergure sur plus d’un an : conception d’un nouveau pack consignable, mise en place d’un nouveau schéma logistique (retour de la consigne, lavage, réemploi), de nouvelles modalités de relation avec les distributeurs (PoC en place avec LEMON TRI et LOOP)
De même, BIC a lancé divers pilotes de collecte des briquets usagés. Ces pilotes ont permis de tirer plusieurs enseignements :
- Les briquets collectés ont en moyenne 5 ans
- 87% des briquets BIC collectés ne contiennent plus une goutte de gaz
- 30% des briquets BIC collectés pourraient être reconditionnés
Ces enseignements ont confirmé l’intérêt des investissements en R&D du groupe pour créer des machines en propre permettant de reconditionner les briquets de la marque.
3/ Sensibiliser et former l’ensemble des collaborateurs au sujet
La meilleure des stratégies RSE ne pourra être efficace que si elle est portée par tous les acteurs de l’entreprise. C’est pourquoi, quel que soit le niveau de maturité des entreprises sur le sujet, il est important d’impliquer rapidement l’ensemble des collaborateurs. KELLOG’S et HEINEKEN l’ont bien compris et ont sensibilisé et autonomisé leurs salariés autour de la démarche RSE via notamment des formations, la constitution d’équipes d’ambassadeurs RSE, et la remontée d’idées locales.
Un des facteurs clés de succès de ces formations est sans surprise l’implication du top management, afin de donner du poids aux enjeux ; ainsi que l’utilisation de supports ludiques et variés pour animer la démarche dans le temps (communication interne, événements, podcasts…)
Lors du lancement du service Darty Max du groupe FNAC DARTY, qui permet aux clients de réparer leurs produits électroménagers de manière illimitée et ainsi allonger leur durée de vie, tous les vendeurs ont été sensibilisés à l’importance de la réparation et à l’impact environnemental de ces produits. Au-delà de cette sensibilisation, les vendeurs ont surtout été incentivés sur la vente du service : leurs objectifs individuels permettent donc d’appuyer la stratégie RSE de l’enseigne.
De son côté, LAMAZUNA, marque de cosmétiques solides bios, a questionné l’empreinte globale de l’entreprise, aboutissant à une prise de conscience : si les produits généraient peu de déchets, les modes de vie des salariés et notamment la cantine de l’entreprise en généraient un grand nombre. Suite à cette sensibilisation, la marque a lancé un jardin en permaculture puis a déménagé dans un éco-lieu dans la Drôme. La plupart des salariés ont adhéré à la démarche et ont suivi l’entreprise.
La formation des collaborateurs a également joué un rôle clé dans le projet à grande échelle qu’a lancé le groupe RENAULT avec la reconversion de son usine historique de Flins. Le site abrite désormais ReFactory, un centre de reconditionnement de vieux véhicules et pièces automobiles et d’innovation dédié à l’économie circulaire dans la mobilité. 2 000 salariés ont été formés à ces nouvelles activités et ont ainsi pu conserver leur emploi dans la reconversion.
4/ Embarquer les partenaires dans la démarche
Une des forces des entreprises est leur écosystème, leurs partenaires, leurs clients, leur chaîne de valeur… autant d’acteurs qui peuvent être associés dans une démarche positive, et qui permettront avec l’union des forces de décupler l’impact de l’entreprise.
C’est dans cette optique que LA REDOUTE et CAMIF ont pris le parti fort d’évaluer leurs vendeurs et marques partenaires pour répondre à leurs objectifs RSE. Ainsi, ils imposent à leur écosystème de se poser des questions sur leurs modèles, leurs engagements, leurs impacts… et d’initier à leur tour une démarche responsable ?
De son côté, LAMAZUNA, précurseur sur le marché des cosmétiques solides, a dû travailler main dans la main avec ses fournisseurs pour développer ces nouveaux produits sans emballage. L’arrivée de concurrents et notamment de leaders comme L’Oréal sur le marché des cosmétiques solides a créé un cercle vertueux et a donné un coup d’accélérateur au secteur : les fournisseurs ont retravaillé leurs formulations pour des produits solides donnant davantage de satisfaction aux consommateurs.
Enfin, AIGLE, leader des vêtements de protection, a mis en place depuis fin 2021 un QR code sur ses produits pour plus de transparence. Cet exercice a nécessité de remonter et de questionner toute la chaine de production. Les fournisseurs ont été très réceptifs à la démarche et ont collaboré pour fournir les informations liées à l’impact environnemental de chacune des étapes de production.
5/ pérenniser le business model et la proposition de valeur pour transformer l’entreprise en profondeur
Les modèles cibles, qui allient durabilité, pérennisation de l’activité, opérationnalisation & rentabilité, n’ont pas nécessairement été trouvés à date… Tout reste à inventer en ce qui concerne les modèles économiques de demain, pour réussir à concilier performance économique et utilité sociétale et/ou environnementale.
Les PoC permettent justement d’identifier les modèles qui fonctionnent, ceux qui ont le plus de potentiel, et de les adapter, les affiner et les développer à plus grande échelle. Ce sont ces petits succès qui permettent de faire bouger les lignes et de mener l’exercice sur d’autres offres ou à d’autres niveaux de l’entreprise.
Enfin, il est nécessaire de se projeter et d’investir sur le long terme, d’aller au-delà de la simple mise en conformité pour se transformer en profondeur. Les entreprises familiales ont davantage de facilité à le faire et de marge de manœuvre que des entreprises avec un actionnariat orienté vers des résultats plus court-termistes.
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