LA DÉPENDANCE: UNE VÉRITABLE JUNGLE POUR LE CONSOMMATEUR
La paupérisation croissante des personnes âgées dépendantes est un phénomène qui devient de plus en plus préoccupant. Les montants actuels des retraites et des aides de l’Etat pour l’autonomie (APA) ne permettent pas en effet de financer l’ensemble des dépenses liées à la dépendance, laissant à la charge des familles (pour celles qui le peuvent !) une part importante du financement. Et cette situation devrait s’accentuer en raison du contexte démographique : d’ici 2040, la France comptera près de 1,2 millions de personnes âgées dépendantes contre 800 000 actuellement.
Conscient du défi, le gouvernement envisage la création d’une 5ème branche de la Protection Sociale pour début 2011. Les Français demeurent néanmoins peu ou mal informés sur la dépendance, son coût et surtout sur les différentes solutions proposées pour y faire face financièrement notamment.
Oui mais voilà : « Dépendance totale », « grille AGGIR », « délai de carence », « prime unique », « cotisation temporaire », « interruption de paiement », « APA », « assurance à fonds perdus », « contrat d’épargne », « rente », « fiscalisation », « CNSA », « capitalisation », « assurance vie », « garantie décès option dépendance », « AVQ », « offre collective », « délai de franchise », « revalorisation », « cotisation viagère »,… C’est la réalité à laquelle sont confrontés les Français qui s’intéressent au sujet : une véritable jungle de dispositifs, d’offres, de termes compliqués.
Comment dans ce contexte, faire prendre conscience aux Français, dès aujourd’hui, de l’importance de ce risque futur et de la nécessité de s’assurer ?
Un terrain semé d’embuches
Une expédition dans le sujet de la dépendance commence tout d’abord par un travail sur soi-même. Tout comme pour le décès ou le handicap, chacun éprouve une certaine difficulté psychologique à s’envisager dans une situation de dépendance. Un élément déclencheur permet de dépasser ses peurs. Mais actuellement, cette prise de conscience n’apparaît que tardivement, le plus souvent lors de la dépendance d’un proche ou de l’entrée dans la retraite.
Après avoir pris conscience du risque, on se prépare en envisageant toutes les situations qui pourraient survenir. Or la dépendance est difficile à appréhender car elle recouvre une multitude de réalités. En effet, elle désigne « le besoin d’aide des personnes de 60 ans ou plus pour accomplir certains actes essentiels de la vie quotidienne». Mais ce besoin varie selon les individus et leurs pathologies : alitement, dégénérescence mentale, ou simples difficultés à se nourrir…, toutes sont des situations de dépendance.
Une fois ces premières barrières franchies, on se heurte au principal obstacle : la complexité des dispositifs de prise en charge publics comme privés.
Les dispositifs publics à destination des personnes âgées sont nombreux : Allocation Personnalisée à l’Autonomie (APA), aide ménagère, aides sociales locales (foyers restaurants, portage de repas,…). Certains sont cumulables, d’autres non. Dans tous les cas, ils requièrent des démarches pas toujours faciles à comprendre et à réaliser. Par exemple, pour pouvoir bénéficier des aides pour la dépendance (remboursement de soins supplémentaires et versement de l’APA), il faut retirer et constituer tout un dossier, programmer puis recevoir la visite d’une équipe médico-sociale pour une évaluation, puis attendre patiemment la décision de classement et d’obtention ou non des aides.
Dans le cas des offres proposées par les assureurs et autres acteurs, c’est la complexité des solutions proposées qui rebute. Tout d’abord au niveau des termes utilisés, on a pu le constater ci-dessus, la plupart d’entre eux demeurent incompréhensibles pour le client novice. A cela s’ajoute la grande diversité des offres qui suscite beaucoup de questions : faut-il plutôt opter pour un contrat d’épargne ou de prévoyance? Pour une offre collective ou individuelle? Un contrat qui couvre la dépendance partielle, totale, les deux ? La liste est longue…Certains sites pour seniors en sont venus à créer des guides pour aider le client à s’y retrouver. C’est ce que propose par exemple Agevillage.com et son article « 10 conseils avant de souscrire un contrat ».En plus d’être trop nombreuses, ces offres présentent un autre défaut : elles ne sont pas toujours en adéquation avec les attentes des consommateurs. Les Français expriment en effet leur préférence pour les services, comme la prise en charge d’une aide à domicile directement par l’assurance, ou pour une meilleure couverture de la dépendance partielle, mais également pour le versement d’une aide financière dans le cas où ils deviendraient « aidant » d’une personne dépendante (Enquête CSA, 2006). A ce jour, le nombre d’offres répondant à ces demandes reste faible.
Au regard de tous ces éléments, on se rend compte que la méconnaissance des Français tient pour beaucoup d’une certaine absence de lisibilité concernant leur future prise en charge, absence de lisibilité exacerbée par la complexité des solutions publiques et privées proposées.
Vers une meilleure lisibilité ?
L’amélioration de la lisibilité des systèmes de prise en charge contribuerait très certainement à une meilleure compréhension du problème et ainsi à une souscription plus large de solutions d’assurance.
Plusieurs acteurs l’ont compris, comme AXA qui a lancé récemment une offre collective d’assurance dépendance. Ce type d’offre permet de sensibiliser plus tôt mais également dans un cadre où le langage de l’assurance peut-être « traduit » et devient alors compréhensible de tous. D’autre part, AXA a beaucoup travaillé le contenu de cette offre qui tente de mieux satisfaire les attentes des assurés. Elle propose non seulement différents services de prévention et d’accompagnement de la dépendance mais également le versement d’un capital à l’assuré pour aider un parent qui deviendrait dépendant. Le salarié, sensibilisé et informé dans un cadre collectif, est alors susceptible de souscrire à titre individuel un contrat complémentaire proposé à un taux préférentiel pour augmenter les garanties et les offre de services associées.
L’action du gouvernement en faveur de la création d’un 5ème risque s’inscrit elle aussi dans cette volonté de clarifier la prise en charge et de sensibiliser les Français, et pas seulement en médiatisant le débat. C’est notamment l’objectif de la mise en place d’un partenariat entre pouvoirs publics et acteurs privés dont les modalités restent encore à définir. On évoque à ce sujet plusieurs alternatives : la création d’une assurance obligatoire pour tous, que chacun complèterait par un contrat individuel. Autre possibilité : une prise en charge par l’Etat des personnes dépendantes aux plus bas revenus (aujourd’hui l’APA est versée sans conditions de revenus) et des incitations (fiscales) à recourir aux acteurs privés pour les autres.
En l’absence de certitudes sur cette nouvelle législation, on peut comprendre que les acteurs privés attendent pour modifier voire créer de nouvelles offres d’assurance dépendance. Cependant, il semble évident que ces offres devront être travaillées de manière à être plus abordables et plus lisibles pour les assurés mais également avec un contenu en meilleure adéquation avec leurs principales attentes. Ceci devra s’accompagner d’un effort sur la communication pour inciter plus de personnes à s’assurer plus tôt, au travers pourquoi pas de la mise en place de campagnes de sensibilisation. Pour le reste, affaire à suivre…
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