Apple, Google et Facebook : nouveaux diffuseurs d’actualités
Apple, Google et Facebook ont récemment lancé leurs nouvelles plateformes d’actualités et se positionnent dans la chaîne de diffusion de l’information comme des intermédiaires entre les éditeurs et leurs publics.
Risque ou opportunité pour l’industrie?
Les géants du web ont multiplié leurs services d’agrégation de contenus
Google, l’acteur historique des services agrégateurs de contenus avec Google News a récemment lancé un nouveau service, NewsWire, qui capitalise sur le développement de la vidéo mobile. La plateforme vidéo de Google YouTube s’est associée à Storyful, agence spécialisée dans la collecte d’informations sur les réseaux sociaux, pour proposer des vidéos-témoignages sur des sujets d’actualités. De son côté, Facebook, un an après la sortie de Paper App qui permet de suivre les actualités en même temps que les flux de ses amis et de poster sur Facebook, a créé une nouvelle fonctionnalité baptisée Instant Articles qui affiche des contenus du New York Times, de BuzzFeed, du National Geographic et d’autres médias sans quitter Facebook. Enfin, en juin dernier, Apple a également développé l’Apple News App qui dispense des contenus que l’on choisit ou qui nous sont proposés via la fonction Explorer. Apple a signé des accords avec de nombreux grands titres pour obtenir une sélection quotidienne de leurs articles.
Par ailleurs, d’autres acteurs comme Snapchat et Twitter sont également entrés dans la course. Avec Discover, l’application Snapchat permet à ses utilisateurs de découvrir chaque jour des photos et des vidéos d’actualités pendant 24 heures. Et début octobre, Twitter a lancé l’agrégateur d’actualité Moments qui propose une sélection de tweets sur des grands sujets d’actualités avec pour but d’attirer les utilisateurs occasionnels et de concurrencer les Instant Articles de Facebook.
Des acteurs qui s’appuient sur leurs audiences et leur capacité de ciblage
Récemment arrivés sur le marché des plateformes et services d’actualités, Apple, Google et Facebook ont des atouts clés à faire valoir :
- des audiences massives générées par les millions de personnes qui utilisent quotidiennement leurs services
- des données collectées quotidiennement à chaque utilisation de ces services
- des algorithmes de ciblage puissants développés depuis des années et affinés à chaque nouveau service lancé
Apple, Google et Facebook sont alors capables de proposer des flux personnalisés qui répondent aux besoins d’information et de divertissement de chacun de leurs utilisateurs. Une capacité à toucher la bonne cible au bon moment qui intéresse fortement les annonceurs, prêts à payer davantage pour garantir l’efficacité de leurs campagnes publicitaires, notamment sur mobile.
Une ambition : se positionner sur le marché mobile
Si ces acteurs se hâtent de développer leurs plateformes et tout spécialement les applications pour smartphone, c’est qu’elles ont pour but de capter au maximum l’audience mobile. Ces nouveaux services permettent notamment de minimiser le temps de chargement des contenus – Instant Articles annonce des temps de chargement divisés par 10. Un atout clé lorsque l’on sait que deux tiers de l’audience du top 10 des plus importants sites d’informations internationaux est réalisée sur smartphone que l’on utilise en moyenne trois heures par jour.
Opportunité ou menace pour les éditeurs de contenus et les agrégateurs indépendants?
En se positionnant dans la chaîne de diffusion de l’information et de la monétisation, Google, Facebook et Apple font évoluer le marché. Ils peuvent représenter une menace directe de perte d’audience et de revenus pour l’industrie de la presse et les nombreux services d’agrégation de contenus qui permettent de trouver et d’organiser les flux d’informations.
Pour les éditeurs, le choix est cornélien : diffuser leur contenu chèrement produit via ces nouvelles plateformes ou les conserver au risque d’être marginalisé par le public. Beaucoup ont déjà opté pour la première solution, profitant d’un accroissement de l’audience et de quelques reversements publicitaires en retour. Facebook, par exemple, autorise actuellement les médias à diffuser leurs propres publicités dans les Instant Articles et à en récolter les revenus. En contrepartie, Facebook a la possibilité de remplir les emplacements publicitaires invendus en conservant 30% de la vente. Mais Facebook pourrait décider de faire évoluer ces conditions et de prendre plus de place dans la monétisation, surtout si les utilisateurs adoptent rapidement ce nouveau format. C’est pourquoi d’autres médias refusent de diffuser leurs précieux contenus via ces plateformes, ne voulant pas devenir dépendant d’un outil qu’ils ne maîtrisent pas et aux conditions incertaines.
Si ces plateformes se positionnement comme un intermédiaire dans l’industrie de la presse, elles concurrencent en revanche directement les services d’agrégations de contenus qui s’étaient développés ces dernières années. De Flipboard à Circa (récemment disparu), ces services font face à une menace de substitution directe de ces nouvelles plateformes et il sera bien difficile pour ces sites indépendants de faire face aux géants du web et à leurs utilisateurs déjà acquis.