Portrait-robot des vieux de demain : nouvelle donne !
Le 25 novembre 2019, notre équipe participait au salon Silver Economy Expo à Paris. Nous vous proposons dans cet article une synthèse de l’intervention de Oui Care sur une étude réalisée en 2019 sur le bien vieillir.
Le mot « vieux » vous gêne ?
Cet embarras est révélateur de l’image que nous avons de la vieillesse. Faut-il pour autant le bannir de notre vocabulaire pour s’attacher à des termes plus consensuels comme « senior » ? « Vieux, c’est un mot qui a du sens ; on peut lui donner un contenu positif », opposait l’anthropologue Bernadette Puijalon, dans une interview donnée au journal Ouest France en 2013.
Être vieux n’est pas si négatif : c’est un processus naturel et non une maladie, un processus biologique, psychologique et social complexe, lent et progressif, qui commence dès la naissance. « Il faut se faire violence pour voir le positif et anticiper sa vieillesse : vieillir c’est vivre, et vivre c’est vieillir », estime Benjamin Zimmer, directeur de Silver Alliance, filiale du Groupe Oui Care.
La vieillesse n’est pas si mal vécue
89% des boomers déclarent bien vivre leur âge. « Ils portent une vision très positive sur la vieillesse et l’associent à la notion de liberté », constate Véronique Cayado, chargée de R&D au sein du groupe Oui Care. Sommes-nous à l’aube d’un renversement de perspective sur la vieillesse ? Pas vraiment : 48% des boomers ont peur d’avancer en âge. L’idée de devenir une charge pour leurs proche est ce qu’ils craignent le plus.
Pourtant, la conscience des risques de la vieillesse ne rime pas avec la prévention : 58% des boomers ne prennent pas en compte les difficultés futures de mobilité lors d’un projet immobilier, et l’aménagement du logement n’est pas un poste de dépense prioritaire pour anticiper la vieillesse. Les vieux préféreraient ainsi prendre des risques pour leur santé plutôt que réaliser des adaptations stigmatisantes. Dès lors que l’accompagnement devient nécessaire, 81% des boomers estiment que ce n’est pas le rôle de leurs enfants de prendre en charge leurs parents, mais celui des professionnels de l’aide à domicile, notamment pour les actes intimes (se laver…) et pour le ménage. Cependant ce souhait est peu réalisé : parmi les seniors recevant une aide à domicile, seuls 19% se passent de l’aide de leurs proches.
Le vieux est un grand consommateur
« Connaissant les préférences des seniors, les entrepreneurs doivent leur proposer des solutions comme aux autres consommateurs, selon leurs besoins et leurs usages », indique Benjamin Zimmer. Car le vieux est un grand consommateur : d’après l’étude, 60% de la hausse de consommation d’ici 2030 sera générée par les personnes de 60 ans et plus. Cette évolution doit prendre en compte les deux attitudes antagoniques des personnes âgées vis-à-vis de leurs économies : les utiliser pour s’offrir un confort de vie au quotidien ou les conserver afin d’anticiper la survenue d’événements imprévus.
Comment apporter un bon niveau de service aux seniors ?
Les besoins des seniors riment avec plusieurs enjeux majeurs auxquels notre société devra répondre dans les années à venir :
- l’attractivité des métiers de services aux personnes âgées
- la mise en place de services d’aide et d’accompagnement des seniors répondant à tous les besoins des personnes âgées, dont leurs besoins physiologiques, psychologiques et sociaux
- le financement des solutions pour aider les proches aidants : cela questionne le système assuranciel actuel, qui ne prend pas en charge les frais des professionnels de l’aide à domicile ; ainsi que le système des retraites, où les actifs ne sont plus aussi nombreux pour financer les retraites, où les retraités sont plus nombreux, plus âgés et plus malades, mais où il faut donner un sens aux cotisations que ces personnes ont versées lorsqu’ils étaient actifs
- le changement de perspective sur ce qu’est un senior. D’après une étude du CSA, trois quarts des personnes de plus de 50 ans estiment que les seniors ne sont pas suffisamment considérés comme des individus à part entière : les solutions qui leur sont proposées sont stigmatisantes et chères.
Article rédigé par Johanna KUPERMINC