Crédit consommation #3 – Le verdissement du crédit à la consommation
Dans ce troisième et dernier article consacré aux tendances du marché du crédit à la consommation (retrouvez notre article sur les mini-prêts instantanés ici et celui sur les nouvelles solutions d’acompte sur salaire ici), nous nous intéressons aux prêts verts et au verdissement du crédit à la consommation.
Une transition vers une économie plus verte à accompagner
L’urgence climatique et la nécessité de diminuer notre impact environnemental s’imposent comme des enjeux incontournables.
En conséquence, la consommation dite « responsable » des Français se développe, notamment soutenue par :
- L’évolution des consommateurs : 59% des Français déclarent avoir intégré de façon importante l’impact environnemental dans leurs choix de consommation.
- Le soutien et les dispositifs de l’Etat : loi Mobilités, loi anti-gaspillage, loi Climat et résilience, aides à l’achat de véhicules « propres », Ma Prime Renov, etc…
- Des nouvelles offres plus responsables proposées par les entreprises
Si on peut espérer que les engagements des acteurs du crédit à la consommation en faveur de la transition écologique sont sincères, ils ont donc de toute façon vocation à accompagner ces nouveaux modes de consommation et le financement des « projets verts ».
Les prêts ou crédits verts ne répondent pas une définition précise : il s’agit principalement de financements dédiés aux mobilités douces, à la rénovation énergétique des bâtiments ou encore au soutien d’entreprises à impact positif.
Ces segments de marché sont déjà importants et devraient continuer de croitre significativement :
- Les véhicules électriques et hybrides rechargeables ont représenté 17% de parts de marché en juin 2022 et cela devrait continuer d’augmenter de façon importante, poussé par les améliorations technologiques et d’infrastructures (amélioration de l’autonomie et baisse du coût des véhicules, développement de systèmes de recharges, etc…), les aides publiques, le déploiement des ZFE (Zones à Faibles Emissions) ou encore l’adaptation des offres de LOA/LLD
- Près de 650 000 « MaPrimeRéov’ » ont été accordées en 2021 pour la rénovation énergétique de l’habitat et l’IDDRI estime que « la quasi-totalité des logements devra faire l’objet de rénovations performantes » pour atteindre la neutralité carbone.
En conséquence et pour accompagner ces transitions, les particuliers bénéficient déjà de nombreuses offres de prêts verts pour financer des véhicules propres et leurs travaux de rénovation énergétique. Les professionnels et entreprises bénéficient aussi de dispositifs spécifiques comme le prêt bonus engagement de Shine, les prêts verts de la BPI et même l’émission d’obligations vertes pour les plus grandes structures. Enfin, les collectivités locales peuvent bénéficier, par exemple, du prêt vert de La Banque Postale ou du prêt Relance Verte de la Banque des Territoires.
Comment les acteurs du crédit à la consommation adaptent leurs offres pour capter le marché des prêts verts ?
Notons pour commencer que tous les acteurs du marché communiquent et se positionnent sur la thématique des prêts verts… y compris quand ils ne proposent aucun offre spécifique pour le financement des projets verts. Cela démontre l’importance pour les financeurs d’être visibles sur ce marché.
La plupart des banques et spécialistes du crédit à la consommation proposent toutefois des propositions de valeur spécifiques. En particulier, les 4 suivantes :
1. Des prêts verts à taux bonifiés
La proposition d’un taux plus avantageux pour le financement d’un véhicule vert ou de travaux de rénovation énergétique est une pratique désormais quasi-généralisée sur le marché, tant de la part des banques de détail que des spécialistes du crédit à la consommation.
Il s’agit de la pratique la plus simple à mettre en place et la plus lisible pour le client.
Le niveau de bonification proposée n’est pas homogène sur le marché mais représente généralement une différence non négligeable sur le taux, de 30% à 75% (résultats du Benchmark VERTONE réalisé en juillet 2022). Sur des petites durées de financement et de petits montants empruntées, l’économie en valeur absolue reste toutefois modeste, de l’ordre de 50 à 100€ au total pour un financement de 15K€ sur 5 ans.
En matière de bonification de taux, on peut relever le cas singulier de LCL qui propose un taux bonifié identique quels que soient la durée et le montant du financement. Ainsi pour un véhicule vert (financement de 500€ à 75 000€ sur 12 à 84 mois) ou des travaux pour des économies d’énergie (financement de 3 000€ à 20 000€ sur 12 à 84 mois), le taux débiteur sera toujours de 1,5%.
Le même principe de taux bonifiés existe pour les professionnels et entreprises : shine propose ainsi un taux préférentiel pour les entreprises à impact positif tandis que la BPI propose un prêt vert également à taux préférentiel pour les PME et ETI.
2. Des prêts verts préférentiels mais sans bonification du taux
Certains acteurs du marché ont choisi de proposer des offres spécifiques pour les projets de financement verts sans recourir à la bonification du taux pour autant.
Ainsi, La Banque Postale fait un don de 20€ à la Fondation de France pour la souscription d’un prêt travaux vert. Pour les prêts autos et en vue d’atteindre son objectif d’atteindre 100% de prêt à impact d’ici 2025, La Banque Postale compense les émissions carbone moyenne du véhicule financé (y compris donc s’il s’agit d’un véhicule thermique) pendant 2 ans.
La MAIF propose quant à elle le pack auto responsable comprenant une LOA sur des véhicules crit’air 0 ou 1 uniquement, le remboursement de 150€ sur le 1er loyer et un stage d’écoconduite offert permettant d’apprendre à réduire sa consommation de carburant.
3. Des offres d’accompagnement globales
À l’instar de MaPrimeRénov’ ou des bonus écologiques, il existe de nombreuses aides publiques, accessibles sous conditions. Les financements proposés par les banques et les spécialistes du crédit à la consommation viennent alors en complément de ces aides, dans des projets qui peuvent être complexes.
C’est pourquoi certains acteurs proposent désormais des offres globales portant sur l’accompagnement de l’ensemble du projet. En partenariat avec Economie d’Energie, BNP a ainsi créé la plateforme Mon Projet Rénovation qui permet d’effectuer un diagnostic énergétique, de déterminer et d’estimer le montant des travaux à réaliser, d’identifier l’éligibilité aux aides publiques et de concevoir le plan de financement global.
Outre-Atlantique, Chase adopte une démarche similaire pour accompagner le passage à un véhicule électrique via un site dédié. On y trouve des explications et simulateurs sur les véhicules électriques (fonctionnement, autonomie, coût), un outil pour identifier les aides publiques locales ou encore planifier son trajet selon les bornes de recharge et bien sûr, la possibilité de solliciter un financement.
4. La création de nouvelles offres innovantes
Enfin, les financeurs s’adaptent progressivement pour permettre au plus grand nombre de financer ces projets verts coûteux. L’acquisition d’un véhicule électrique, hybride ou thermique de dernière génération moins polluant notamment est compliquée pour les Français modestes ; avec l’instauration progressive des ZFE (Zones à Faibles Emissions) ils vont toutefois être de plus en plus nombreux à devoir le faire.
Dans ce cadre, de nouvelles offres de « leasing social » voient le jour. Les concessionnaires partenaires de BNP Personal Finance vont ainsi pouvoir proposer des LOA jusqu’à 10, voire 13 ans sur des véhicules neufs ou d’occasion Crit’air 0 (véhicules 100% électriques ou hydrogène) ou 1 (véhicules gaz, hybrides rechargeables et thermiques peu polluants). En allongeant la durée de la location, BNP offre des mensualités plus faibles et donc plus supportables pour des ménages modestes.
Sofinco, qui a décidé en avril 2022 d’augmenter la valeur résiduelle des véhicules électriques dont ils portent le rachat à l’issue du contrat de location, va également lancer une offre de LOA sur 7 ou 8 ans avec une mensualité de l’ordre de 100€ qui concernera entre autres les véhicules Crit’air 0 et 1.
En conclusion
Finalement, on pourrait se demander pourquoi les acteurs du marché proposent des offres spécifiques pour les projets verts.
D’abord, il s’agit de rester compétitif pour capter ces marchés importants et en forte croissance. Les bonifications de taux supposent certes de diminuer la marge d’intermédiation mais elles permettent de rester attractif sur ces prêts aux montants et durées généralement plus élevés. Compte tenu des prix des rénovations énergétiques (supposant d’être propriétaire) et des véhicules électriques ou hybrides, le profil des emprunteurs est aussi en général plus solide et limite le taux de défaut.
Ensuite, pour certains acteurs du marché, le financement de projets verts permet certainement de compenser une partie des émissions réalisées par ailleurs et faciliter l’atteinte de la neutralité carbone.
Enfin, et même s’il est difficile de l’objectiver, on peut espérer que pour au moins une partie des financeurs, l’accompagnement des projets verts relève d’un engagement sincère pour accélérer la transition énergétique dans l’intérêt collectif.
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