04/03/24

Six startups qui impulsent de nouveaux modèles de services dans le marché du colis

Le marché du colis en France a connu une croissance significative ces dernières années, en grande partie grâce à l’essor du e-commerce. Pour autant, après deux années hors normes en 2020 et 2021, le marché du colis montre des signes de fatigue avec des volumes et des revenus en légère décroissance dès 2022. Et pour causes, l’essoufflement du e-commerce, moteur du marché, ainsi que les tensions sur les coûts des spécialistes de la supply chain (énergie, salaires, loyers des entrepôts, etc.) dans un contexte inflationniste. En parallèle, les attentes des consommateurs se sont accentuées, en matière de livraison rapide, de suivi du colis, et de remise facilitée.

Dans ce contexte, de nouveaux modèles sont impulsés par des startups, à une échelle plus locale ou concentrés sur un maillon de la chaine de valeur. Dans cet article, VERTONE décrypte six startups dans le marché du colis en France, au travers de trois cas d’usage : réduire l’impact environnemental de l’emballage des colis en favorisant leur réemploi, réinventer la livraison du dernier kilomètre grâce aux plateformes de livraison collaborative, et simplifier le stockage et la remise des colis par de nouveaux modèles de services entre particuliers.

Réduire l’impact environnemental de l’emballage des colis en favorisant leur réemploi

37% de l’impact environnemental du e-commerce provient de l’emballage. Et pour cause, les colis sont majoritairement destinés à un usage unique, et le carton qui les compose n’est recyclable qu’une dizaine de fois, via un processus énergivore et consommateur d’eau.  

C’est pourquoi la start-up Hipli a conçu des colis réutilisables, en matière tramée ultra-résistante (du plastique polypropylène), pouvant aller jusqu’à 100 réutilisations. L’entreprise a pour clients des e-commerçants, qui achètent des forfaits comprenant l’usage du colis, mais aussi le processus de logistique, le kit de communication et le logiciel de monitoring associé. Pour le consommateur final, il suffit de renvoyer le colis à Hipli grâce à la solution de pré-affranchissement fournie, pour qu’il soit ensuite réhabilité et remis en circulation.  

Quant à elle, la start-up LivingPackets a mis au point des colis en plastique recyclés, réutilisables, connectés et sécurisés, pour des objets de forte valeur, destinés à une clientèle BtoB, par exemple dans les secteurs du luxe, de l’art ou de l’industrie. La particularité réside dans la technologie embarquée dans le colis : géolocalisation, suivi de la température et de l’hygrométrie, ou encore détection des chocs et anomalies.

Le colis réutilisable est une tendance qui devrait par ailleurs s’accentuer sous l’impulsion de la Loi AGEC dont l’un des objectifs est d’atteindre 10% d’emballages réemployés mis sur le marché français d’ici 2027.  

Réinventer la livraison du dernier kilomètre grâce aux plateformes de livraison collaborative

Plus le produit approche de sa destination plus le coût de transport augmente : le coût global de la livraison du dernier kilomètre, qui représente 25% à 30% des coûts totaux d’expédition, croît chaque année d’environ 10 % et devrait atteindre 2,6 milliards d’euros en France d’ici 2025. La livraison dernier kilomètre représente donc un enjeu clé pour les e-commerçants et les transporteurs, avec de nombreux défis à relever : multiplication des points de livraisons, contraintes d’entreposage en proximité, optimisation des itinéraires des tournées, suivi et traçage des flux, et réglementation ZFE (environ 20 % des GES et 50% des émissions urbaines de particule fine sont dus au transport de marchandises). C’est pourquoi des startups viennent proposer des solutions alternatives et à l’échelle locale pour faciliter les livraisons du dernier kilomètre.

Cocolis est un service de livraison collaborative, qui fonctionne sur le même principe que le covoiturage entre particuliers, mais pour transporter des marchandises — un concept dénommé co-transportage. Le prix du transport de marchandises est ensuite suggéré en fonction du volume à transporter et de la distance à parcourir, et la start-up se rémunère en prélevant 15% de commission. Avec 700 000 utilisateurs et 97% des villes françaises couvertes, la plateforme a pour ambition de s’exporter vers d’autres pays d’Europe et de développer des partenariats avec de grands comptes e-commerce, afin de devenir une solution de livraison démocratisée. 

La start-up Yper joue quant à elle la carte de la proximité : des particuliers peuvent s’y inscrire afin de réaliser les livraisons de petits commerçants partenaires, et d’avoir un revenu complémentaire en optimisant leurs trajets du quotidien. Pour les commerçants, cette offre permet de réaliser des économies sur les livraisons proches (dans un rayon de quatre kilomètres en moyenne), qui sont souvent les plus onéreuses. 

Simplifier le stockage et la remise des colis par de nouveaux modèles de services entre particuliers

Même lorsque la livraison sur le dernier kilomètre est optimisée, c’est la réception du colis qui peut être contraignant : absence du client, retard de livraison, adresse incomplète, mauvaise communication… Aujourd’hui, 20% des colis sont en échec à la première livraison8, et la mauvaise réception est le principal irritant chez les clients finaux.

Face à ce constat, la start-up Pickme a imaginé un modèle qui promet 99% de succès de livraison dès la première tentative. À la demande du destinataire, le colis est livré directement chez l’un des « keepers » – voisins relais de confiance habitant dans un rayon de 450 mètres en moyenne – contre une rémunération d’un euro. Cette solution est également valable pour le « premier kilomètre », où les keepers se chargent de la collecte du colis et de l’expédition en point relais ou en bureau de poste. Pickme se rémunère en prélevant une commission de 15 à 20% auprès des transporteurs partenaires. Le service compte aujourd’hui 150 000 keepers, et représente une solution complémentaire aux points relais (à côté des 3 000 relais Poste et 7 000 agences communales postales, des 17 000 relais Pickup, des 11 200 points Mondial Relais et des 8 800 Relais colis).

Les lockers constituent une autre solution de récupération de colis. Ils sont généralement situés dans des points de proximité (commerces, stations-services, etc.). La start-up Boks a souhaité aller plus loin, en proposant un automate de réception et envoi de colis destiné à l’habitat particulier. Pour un prix d’environ 500€, ce dernier permet une livraison 100% flexible et connectée, avec la génération d’un code d’ouverture à usage unique pour le transporteur. 

Les startups jouent donc un rôle essentiel dans la transformation du marché du colis en France. Leur agilité et leur capacité à innover continueront de façonner l’avenir de la logistique des colis, offrant aux consommateurs des expériences de livraison toujours plus rapides, fiables et pratiques.

Un article rédigé par

Rémy G
Rémy G

Manager

Capucine A
Capucine A

Consultante