12/04/19

Transport A la Demande, ou TAD : une réponse aux besoins de mobilité extra urbains

Le Transport A la Demande (TAD) est un service de transport public de proximité qui circule en fonction de réservations préalablement enregistrées : il dépend donc de la demande des usagers.

Formalisé en France par décret en 1985, il est né du constat de besoins en termes de mobilité auxquels les réseaux de transports publics ne répondent pas dans les zones rurales et périurbaines. Le TAD s’érige alors en alternative aux transports en commun « classiques », qui desservent peu les zones moins densément peuplées, en offrant une solution de mobilité plus souple et adaptée à la situation et aux besoins des populations locales.

Concrètement, comment cela fonctionne ?

On distingue deux types de TAD : ceux de type Ligne Virtuelle, avec un itinéraire prédéfini comme celui d’une ligne de bus classique, et ceux de type Zonal, qui desservent les arrêts demandés par les usagers dans un périmètre donné sans avoir de tracé préalablement établi. La plupart du temps, des arrêts sont définis à l’avance, correspondant à des lieux de desserte stratégiques pour les usagers : gares, hôpitaux, centres-villes, marchés, lieux de travail, sites culturels et sportifs.

Toutefois, la circulation du TAD dépend de la demande des usagers. En général, c’est lorsqu’une réservation est effectuée, le plus souvent par téléphone, ou bien sur le site internet ou l’application mobile du service, et ce jusqu’à 1h à l’avance, que le TAD fonctionnera pour effectuer le trajet souhaité à l’heure demandée. Mais certains TAD garantissent un départ à une certaine heure et adaptent ensuite la dessert en fonction des demandes des voyageurs.

Le TAD répond à des besoins d’usagers non couverts par les réseaux de transports classiques

L’utilisation du TAD répond à des besoins d’usagers variés:

  • Si les personnes âgées sont les principales usagères du TAD, en particulier pour se rendre à leurs rendez-vous médicaux ou administratifs, elles l’utilisent aussi pour se rendre sur leurs lieux de loisirs, sportifs ou culturels, tout comme les jeunes.
  • Les personnes en situation de handicap sont également ciblées à travers le Transport de Personnes à Mobilité Réduite (TPMR), une part importante des activités de transport à la demande.
  • A l’inverse, les salariés utilisent peu le TAD pour effectuer le trajet domicile-travail.

En somme, ce service de transport souple ne répond pas vraiment à une demande de trajets quotidiens par des utilisateurs réguliers des transports publics, mais plutôt à des besoins spécifiques plus ou moins fréquents. Le Transport A la Demande n’a pas vocation à remplacer les transports publics classiques, mais agit comme complément à l’offre existante, en s’adaptant davantage à la situation et aux besoins des usagers concernés, tout en permettant aux opérateurs de transport de faire des économies.

Île-de-France Mobilités s’engage dans le développement et l’harmonisation du TAD

Les principaux opérateurs de transports en Île-de-France (RATP, Transdev, Keolis) ont déjà lancé des services de TAD dans les zones périurbaines de la région. Mais jusque-là, chaque transporteur déployait son service TAD avec sa propre centrale de mobilité qui gérait les réservations, la planification et la relation-client pour une zone géographique spécifique uniquement.


Or, depuis 2017, Île-de-France Mobilités (anciennement STIF), l’autorité organisatrice des transports en Île-de-France, a repris en main la compétence sur le Transport à la Demande et revoit sa stratégie en la matière. L’idée est de créer un réseau de Transports à la Demande labellisé Île-de-France Mobilités, afin de simplifier et rééquilibrer l’offre globale de TAD dans la Grande Couronne. Cette labellisation repose sur différents piliers.

Les TAD labellisés doivent en effet répondre à 11 critères, parmi lesquels l’accès à tous sans discrimination sociale (notamment pour les personnes à mobilité réduite), la non-redondance avec les lignes régulières existantes, la prise en charge et le dépôt à des arrêts déterminés, ainsi que l’application des titres de transports et donc des tarifs en vigueur en Île-de-France (dont la carte Navigo).

Le label stipule également que les services TAD devront s’appuyer sur une centrale de réservation régionale. Cette dernière agit comme une plateforme de mobilité unifiée et mutualisée entre tous les TAD labellisés Île-de-France Mobilités, ce qui permet aux usagers d’utiliser une seule et même interface, peu importe la commune ou le transporteur concernés.

Cette plateforme simplifie donc la vie des usagers, pour effectuer leur réservation et obtenir des informations en temps réel sur leur trajet, mais aussi des transporteurs, qui n’auront plus qu’à exécuter le service de transport. En effet, la nouveauté de la plateforme réside dans le fait que la planification des itinéraires et des horaires est réalisée par un algorithme qui prévoit les trajets en coordonnant les différentes demandes, et le soumet directement au conducteur. C’est également la plateforme qui gère le service client notamment les réclamations et la satisfaction.

Ceci devrait permettre une meilleure intégration du TAD à l’offre de mobilité globale encadrée par IDF Mobilités, et favoriser le développement de ce type de service en l’élargissant à d’autres cibles notamment dans le cadre du trajet domicile-travail. De plus, cette mutualisation devrait permettre de réduire les coûts.

En janvier 2018, le premier TAD labellisé IDF Mobilités a été lancé dans les Yvelines, dans des communes peu desservies de la Plaine de Versailles (Gally Mauldre).

Nommé Flexigo, le dispositif TAD d’IDF Mobilités devrait s’étendre davantage dans la Grande Couronne dès l’été 2019. C’est également à cette date que devrait être lancée la centrale de réservation uniformisée, dont la gestion a été officiellement attribuée en février 2019 au groupementSetec-Padam.

La filiale setec its du groupe spécialisée en ingénierie setec s’est associée à la jeune startup digitale Padam, née en 2014, qui a développé des solutions logicielles dédiées à l’optimisation des transports.

Le développement des TAD rencontre encore quelques freins

Ce projet phare d’IDF Mobilités s’inscrit dans un contexte d’essor des TAD, avec près d’un million de voyages annuels dans la région Île-de-France. Cependant, des enjeux subsistent : le TAD est financé en grande partie par les subventions des collectivités locales, ce qui peut freiner son développement à cause des contraintes financières qui s’imposent à elles, tandis que pour les acteurs privés, le marché des TAD est peu attractif.

Par ailleurs, près de 80% des réservations s’effectuent aujourd’hui par la voie téléphonique, ce qui s’explique notamment par le fait que près de la moitié des voyageurs sont des personnes âgées. La digitalisation totale du système de réservation, sur internet et application mobile, devrait se faire progressivement, ce qui permettrait une simplification et une réduction des coûts.

Aude LEAUSTIC

Sources :

Etude Vertone (IDF Mobilités)

FLEXIGO, « CONCURRENT DIRECT D’UBER », DÉBARQUE EN RÉGION PARISIENNE

Création du 1er réseau de transport à la demande (TAD) labellisé Île-de-France Mobilités

TransDev : Qu’est-ce que le transport à la demande ?

Image : copyright Île-de-France Mobilité

Flexigo