Mobility as a Service, nouvelle plateforme de mobilité
La Mobilité comme Service (MaaS) est de plus en plus présentée comme la solution aux actuels problèmes de congestion et d’urbanisation. En effet, elle promet de passer de mobilités décorrélées, laissant une place prépondérante à la voiture individuelle, à une offre de mobilité alliant à la fois modes publics et privés, accessible via une interface unique.
Les tendances favorisant l’essor du MaaS
La tendance globale est à l’urbanisation, et à la concentration de populations autour des grandes métropoles. En France par exemple, plus de 80% de la population est urbaine[1].
En parallèle, ces populations ont de plus en plus besoin de se déplacer, que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles. La voiture individuelle reste le choix privilégié par les français pour leurs trajets quotidiens (à hauteur de 75%[2]), qui l’utilisent essentiellement seuls (moins de 1,1 passager par véhicule en milieu urbain en moyenne[3]).
Cet usage extrêmement développé de la voiture individuelle est la cause de nombreux problèmes. L’agence Santé Publique France estime à près de 50 000 le nombre de victimes de la pollution atmosphérique en France chaque année. Cette pollution, en partie causée par la circulation routière est de plus en plus visible des citadins. Cela favorise une prise de conscience environnementale se traduisant par une évolution progressive des comportements.
Autre évolution comportementale de fond, l’économie collaborative incite les consommateurs à comparer les offres de mobilité et partager leurs moyens de locomotion.
Le voyageur de retour au cœur de la mobilité
C’est dans ce contexte qu’apparaît le concept de MaaS (Mobility as a Service). Il vise à réduire la part de la voiture individuelle en proposant un niveau de service équivalent. Le MaaS cherche à proposer un haut niveau de personnalisation et de flexibilité aux clients tout en leur permettant de s’affranchir de la possession d’un véhicule.
La simplicité et l’amélioration de l’expérience voyageur sont au cœur du concept de MaaS. L’ensemble des services habituellement décentralisés (calculs d’itinéraires multimodaux, achat de titres de transport puis validation) seront désormais regroupés dans une offre unifiée, potentiellement via une unique application.
Le MaaS intègre tous les modes de transport, au-delà des seuls transports publics. L’usager aura, entre autres, accès aux services de transport privés (VTC, taxis, etc.) ainsi qu’aux transports partagés (vélos, scooters et voitures en libre-service). A plus long terme, un MaaS national est envisageable, permettant de réserver et payer en une fois des trajets porte-à-porte longue distance (un seul billet, un seul paiement). La personnalisation de l’expérience est également une composante majeure du MaaS. En fonction des préférences et des habitudes de l’usager, les itinéraires les plus adaptés lui seront proposés en priorité.
Une offre multi-cible
Les clients les plus évidents du MaaS sont les utilisateurs des transports en commun en milieu urbain, déjà proches des usages MaaS. Ils comparent les temps de trajet de différents modes, adaptent leur mobilité à la circulation, la météo… Une plateforme MaaS leur apporterait davantage de flexibilité et les conforterait dans leur consommation quotidienne de mobilité sur-mesure.
Cependant, les relais de croissance d’une offre MaaS se trouvent ailleurs : notamment du côté des automobilistes. Ces derniers conservent leur(s) voiture(s) pour la flexibilité qu’elles leur procure(nt). Le MaaS vise à leur fournir cette flexibilité sans les inconvénients (notamment en termes de coût) que représente une voiture individuelle.
Les familles sont également largement ciblées par les offres existantes. UbiGo, solution testée en Suède, permet de gérer la consommation au niveau du foyer et de transférer les crédits disponibles entre ses membres. Dans une moindre mesure, le système de « Compte mobilité » mis en place à Mulhouse propose un service comparable, permettant de suivre la consommation du foyer et de bénéficier d’une facturation unifiée.
Le MaaS peut également s’adresser aux personnes recherchant une solution de mobilité bon marché, à condition d’une étendue géographique suffisante. Cela concerne notamment les populations péri-urbaines pour lesquelles les transports publics ne couvrent pas l’ensemble des besoins.
Enfin, du côté des professionnels, Whim, un des leaders du marché, propose entre autres une offre en illimité permettant une grande flexibilité sur l’ensemble des modes, y compris VTC et taxis. Son prix, avoisinant les 500 euros mensuels, est basé sur le coût mensuel de la détention d’un véhicule.
Derrière les opportunités, une équation à résoudre
Le MaaS paraît être un moyen viable pour réussir à réduire la part modale de la voiture individuelle. Il permettrait également aux transporteurs de mieux connaître leurs clients et d’adapter de manière plus fine et plus flexible l’offre à la demande en combinant service client et efficacité économique.
Néanmoins, les premières expérimentations en matière de MaaS n’ont vu le jour que dans des villes de taille moyenne. Cela s’explique par le nombre important de transporteurs présents dans les grandes villes, augmentant considérablement la complexité d’un tel système. En parallèle, le MaaS pourra également constituer une réponse à la volonté des pouvoirs publics pour désenclaver certains territoires ruraux peu desservis.
Pour aller plus loin :
- Etude VERTONE 2018 « Mobility as a Service : la mobilité intégrée à l’heure du sur-mesure »
- Article de blog VERTONE « Enjeux et opportunités pour les acteurs historiques de la mobilité »
[1] Source : Banque mondiale
[2] Source : l’info durable, juin 2018
[3] Source : Les Echos, octobre 2017