28/09/20

Les Pros et la crise du COVID-19 : l’été a-t-il changé la donne ?

Le 22 juillet, nous avons publié un 1er article « Les pros & la crise du Covid-19 : qui sont les gagnants et les perdants ? ». A partir de nouvelles données actualisées, nous avons mis à jour notre analyse pour évaluer l’impact de la période estivale.

Une reprise de l’activité qui bénéficie à tous les secteurs mais qui s’essouffle

Alors que fin avril l’économie française était à moins de 50% de son activité normale, à fin juin elle était revenue à plus de 80%, signant une reprise très forte au déconfinement grâce à un effet de rattrapage.
Comme anticipé, l’intensité de la reprise s’est toutefois ralentie pendant l’été, en particulier en août ; à la rentrée, l’économie française demeure légèrement en-dessous de 90% de son activité normale (hors bâtiment qui a déjà retrouvé son niveau normal) et le retour aux 100% pour l’ensemble des secteurs pourrait prendre de longs mois.

Bien que ralentie, la reprise économique demeure réelle et bénéficie à l’ensemble des secteurs mais dans des proportions différentes.

Les secteurs d’activité gagnants et perdants de la crise restent inchangés

Entre mai et août, la part de chefs d’entreprise qui estiment que leur activité reviendra rapidement à la normale a progressé, quel que soit le secteur d’activité. On n’observe toutefois pas de retournement de tendance et les gagnants et les perdants de la crise sont toujours les mêmes par rapport à nos analyses précédentes.

Les gagnants – les secteurs peu impactés et/ou profitant fortement de la reprise

  • L’alimentaire
  • La santé (y compris l’industrie pharmaceutique) et les soins aux particuliers
  • Le BTP
  • La réparation automobile
  • La logistique et les services de transports
  • L’immobilier
  • Les activités de conseil, juridiques, comptables

Les perdants – les secteurs durablement fragilisés :

  • Les cafés, hôtels, restaurants et plus largement le tourisme qui, en dépit d’une activité estivale meilleure que prévue, souffrent encore beaucoup : mi-août, seuls 3% des chefs d’entreprise de +10 salariés du secteur estimaient avoir retrouvé leur activité normale contre 24% tous secteurs confondus
  • Les secteurs de l’information, de la communication, de la culture
  • Les services ou industries liés aux transports moyenne-longue distance (aérien et aéronautique, ferroviaire, location de véhicules, etc…)

A l’exception des grandes entreprises de +500 salariés qui semblent mieux résister à la crise, la taille d’entreprise a peu d’impact et le secteur d’activité est bien plus discriminant.        
Il faut toutefois souligner que les chiffres dont nous disposons ne couvrent pas les entreprises de – 10 salariés, pourtant très nombreuses.

Les chefs d’entreprise restent (pour le moment ?) optimistes en dépit de l’incertitude

Malgré l’arrêt progressif de certaines aides d’urgence, le gouvernement maintient des mesures de soutien : après des plans spécifiques destinés à aider à court terme certains secteurs (plan automobile, plan culture par exemple), le gouvernement a annoncé « France relance » le 3 septembre, un vaste plan de relance de 100 milliards d’€ qui s’inscrit dans le moyen-long terme.

Les enquêtes réalisées quelques jours avant la présentation de « France Relance » soulignaient l’optimisme conservé des chefs d’entreprise mais aussi la progression de leur incertitude :

  • Un sondage IPSOS réalisé début août indique que 87% des chefs d’entreprise de plus de 10 salariés, tous secteurs confondus, étaient confiants sur la capacité de leur entreprise à surmonter la crise
  • Les chiffres de la DARES indiquent que mi-août 30,3% des chefs d’entreprise de +10 salariés ne savaient pas quand leur activité reviendrait à la normale contre 20,3% mi-juin

Dans un contexte sanitaire de rentrée dégradé, il est difficile d’anticiper les évolutions de l’environnement économique pour les prochains mois. Toutefois, quel que soit le scenario de reprise, nous pensons que la répartition des secteurs résilients ou à l’inverse fortement impactés ne changera plus profondément.
Les partenaires institutionnels et privés des pros, banques et assurances en tête, doivent désormais intégrer cet état de fait et se projeter très vite sur l’avenir :

  • Evaluer leur exposition selon la nature de leur portefeuille de clients pros (équilibre des secteurs, tailles d’entreprise, concentration du risque, solidité économique et financière, ancienneté de l’entreprise et maturité business, capacité d’adaptation,…)
  • (Ré)adapter et (re)prioriser leurs stratégies selon les secteurs
  • Investir encore plus dans l’accompagnement quotidien des pros avec des services extra bancaires et extra assurantiels

Un article rédigé par Sébastien Mahieux-Bibé et Gaëtan Eon Duval

Nous accompagnons actuellement nombre de nos clients des services financiers à identifier et apporter les meilleures réponses aux pros. Si vous souhaitez en savoir plus, contactez-nous :

Note des auteurs – Notre analyse s’appuie sur un ensemble d’études complémentaires, car combinant différents indicateurs faisant apparaître des convergences :

  • L’enquête ACEMO DARES qui interroge les chefs d’entreprises de plus de 10 salariés. Notre analyse se base sur les vagues de mai, juin, juillet et août de l’enquête spéciale COVID-19 qui évalue notamment les perspectives économiques anticipées par les chefs d’entreprise par secteur d’activité.
  • L’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France qui permet de connaitre le jugement des entreprises sur le niveau de reprise de leur activité à court terme. Nous avons exploité la vague de septembre (chiffres à fin août et prévisions à fin septembre).
  • Le sondage IFOP « Le moral des dirigeants d’entreprise poste COVID-19 » réalisé pour le MEDEF.
  • Les études & analyses documentaires VERTONE que nous menons au fil de l’année sur l’ensemble des secteurs d’activités