Comment Yuka se constitue la base de données produits la plus complète (et la plus fiable ?) du marché

Yuka, application mobile lancée en France en 2017, success story présente dans 11 pays, clame aujourd’hui plus de 20M d’utilisateurs dans le monde et plus de 50 produits scannés chaque seconde !

Longtemps critiquée sur la fiabilité de ses informations produits, elle détient maintenant probablement la plus grande base de produits alimentaires, au moins en France. Pas moins d’1,5 million de produits alimentaires, et 800 créations par jour !

L’histoire de la base de données YUKA

A l’origine, Yuka s’appuyait sur Open Food Facts, base de données ouverte dans laquelle les informations produits étaient en grande partie renseignées par des consommateurs. Yuka proposait à ses utilisateurs de signaler et corriger les éventuelles erreurs depuis l’application, modifications qui venaient alors réalimenter Open Food Facts.

Dès 2018, Yuka décide de se constituer sa propre base avec comme maître mot la « fiabilité », pour ne pas perdre la confiance de ses utilisateurs, en sollicitant notamment les marques et distributeurs qui peuvent transmettre leurs informations (en direct ou via la plateforme Alkemics). En parallèle, Yuka met aussi en place des mesures pour fiabiliser les informations corrigées / ajoutées par ses utilisateurs :

• La saisie est automatisée sur la base de photos prises par les utilisateurs (liste d’ingrédients, valeurs nutritionnelles, origines des ingrédients…), puis vérifiée / retranscrite par un service externe
• Yuka indique que 3 ETP sont dédiés à la gestion de la base de données et à sa fiabilité
• Les fiches produits provenant directement des industriels ne sont plus modifiables par les utilisateurs une fois vérifiées par les équipes Yuka

Les autres bases de données produits existantes

Finalement, cette base Yuka nouvellement constituée devient fermée, ce que critique Open Food Facts dans son rapport d’activité 2018 :

« […] paradoxalement, l’énorme succès de Yuka éclipse l’importance que les données sur les aliments soient et restent ouvertes — c’est-à-dire disponibles gratuitement pour tous et pour tous usages — alors même que c’est cette ouverture des données d’Open Food Facts qui a permis la création de Yuka et de plus d’une centaine d’autres applications. […] Après avoir utilisé la base Open Food Facts et y avoir massivement contribué, Yuka a malheureusement fait le choix de créer sa propre base privée, et n’utilise plus la base Open Food Facts. Yuka continue de contribuer des données à la base, mais seulement de façon partielle. »

Par ailleurs, suite aux États généraux de l’alimentation de 2017, le projet NumAlim a vu le jour, plateforme initiée par les pouvoirs publics et les filières agroalimentaires, et alimentée directement par les industriels. Cependant, elle n’est pas encore disponible (ça ne saurait tarder), et ne sera a priori pas accessible gratuitement par le grand public…

On peut donc compter sur 3 grandes bases de données pour les informations produits alimentaires disponibles sur les packagings, qui communiquent finalement peu entre elles…

• Yuka qui semble être la plus complète et le restera sûrement encore un moment
• Open Food Facts, qui est clairement la plus ouverte et la plus ancienne
• NumAlim, censée être la plus fiable, puisque directement renseignée par les industriels

Et quid des informations non présentes on pack ?

Là-dessus, NumAlim est censé avoir le dessus puisque directement alimenté par les industriels. Sur le visuel ci-dessus, on peut voir que NumAlim pourrait mettre à disposition des données sociétales, d’impact environnemental ou encore de recyclabilité par exemple…

Cependant, après s’être attaquée aux informations nécessaires au calcul du score « santé » (liste des ingrédients & additifs / valeurs nutritionnelles disponibles on pack), Yuka part à présent à la chasse aux informations pour calculer son score « environnemental », l’Eco-Score disponible sur l’application depuis mars 2021.

L’idée est simple et probablement très efficace ! Si l’information n’est pas disponible sur l’emballage, Yuka propose à ses utilisateurs de « Faire une demande à la marque ». Quand le consommateur clique sur ce lien, un email est automatiquement édité avec l’adresse du service client de la marque ou du distributeur concerné… Malin ! Et plutôt agressif, les services consommateurs étant par conséquent inondés de demandes d’informations sur l’origine de leurs produits.

VERTONE vient de réaliser une étude avec IFOP, afin d’identifier les préoccupations & priorités des Français en matière de transparence alimentaire. Santé, made in France, nutrition, plastique, ultra-transformation, empreinte carbone, label Bio, rémunération, soutien des filières… quel est l’impact relatif de ces critères sur les achats des consommateurs ?

Contactez Charlélie Bensoussan, auteur de l’article, pour programmer une présentation des grands enseignements de notre étude « Transparence Alimentaire » en remplissant le formulaire ci-dessous :